Les derniers abris qui se trouvaient encore dans la «Jungle» de Calais (nord) ont été détruits lundi, marquant la fin du démantèlement du plus grand bidonville de France, situé en face des côtes anglaises, mais un campement à Paris mobilise désormais les autorités.

Dans un entretien à paraître mardi dans le quotidien régional La Voix du Nord, le président français, François Hollande, a assuré lui-même «qu'il n'y aura pas de réinstallation» de migrants dans la «Jungle» de Calais.

Saluant une opération «efficace et ferme», il s'est félicité que depuis «le mois d'octobre 2015 ce sont 13 000 migrants qui auront été orientés à partir de Calais vers des centres d'accueil».

Après l'intervention des pelleteuses, ne subsistaient dans la zone à Calais que des débris, quelques dizaines de caravanes promises elles aussi à la démolition, ainsi qu'une petite église et deux petites mosquées érigées par ses habitants.

La destruction de cette ville précaire aura duré huit jours.

Depuis le 24 octobre, environ 5000 adultes ont été évacués vers des centres d'accueil disséminés en France.

Quelque 1500 mineurs, rassemblés dans un centre d'accueil dédié, attendent encore sur place l'examen de leur dossier par les autorités britanniques, avec l'espoir de franchir la Manche, grâce aux dispositions sur le regroupement familial et sur les personnes vulnérables.

Pour empêcher la reconstitution d'un bidonville et lutter contre l'immigration irrégulière, un dispositif «sera maintenu» et «les forces de police resteront» sur place, promettait récemment le ministre français de l'Intérieur Bernard Cazeneuve. Le précédent démantèlement, en 2002, du camp de Sangatte, près de Calais, n'avait pas stoppé le flux des exilés qui rêvent de refaire leur vie outre Manche.

Le bidonville de Calais à peine rasé, les effets de la crise migratoire sans précédent que connaît l'Europe surgissent ailleurs : depuis quelques jours, un campement peuplé de Soudanais, d'Erythréens, d'Afghans ou de Libyens ne cesse de grossir dans un quartier populaire du nord de Paris, près de la place Stalingrad, avec 2000 personnes environ installées à même les trottoirs.

Une opération de «contrôle administratif» a eu lieu lundi dans ce camp de fortune. Tout le week-end, de nombreux responsables politiques, dont le chef de l'État François Hollande, ont promis de le faire évacuer dans le courant de la semaine.

Lundi, une pelleteuse s'affairait à déblayer des matelas et des couvertures. «S'ils ne nous donnent pas d'abri, pourquoi détruisent-ils nos maisons?», s'interrogeait un Afghan.

«Situation humanitaire dramatique»

Très engagée concernant la problématique des réfugiés, la maire de Paris Anne Hidalgo a adressé une lettre au gouvernement français pour lui rappeler «l'absolue nécessité» de démanteler le camp de fortune du nord de Paris - dans une «situation humanitaire et sanitaire dramatique» -, critiquant «cette méthode qui consiste à attendre le point de rupture pour héberger».

Les forces de l'ordre sont déjà intervenues 27 fois dans ce campement improvisé, selon le «collectif parisien de soutien aux exilés» qui a dénoncé dans un communiqué la politique actuelle de «mises à l'abri des regards» et ses «dysfonctionnements».

La mairie de Paris compte ouvrir prochainement un centre d'accueil humanitaire de 400 lits, pour prendre en charge provisoirement les migrants avant leur hébergement dans des structures plus pérennes dans les autres régions.

Mais le nouveau centre «n'a pas vocation à accueillir les migrants déjà présents à Stalingrad : ce n'est pas sa fonction, il n'en a, par ailleurs, pas la capacité», a prévenu la mairie.

Le gouvernement prévoit la création de près de 9000 places supplémentaires dans des centres d'accueil. Le programme de répartition ne suscite pas toujours l'enthousiasme des localités concernées, avec des mouvements de protestation souvent portés par l'extrême droite, à moins de six mois de l'élection présidentielle.

Plus de 300 000 migrants et réfugiés ont traversé la Méditerranée pour se rendre en Europe en 2016, dont au moins 3800 sont morts ou ont disparu pendant la traversée, selon les derniers bilans du Haut commissariat de l'ONU aux réfugiés.

L'Italie, l'une des principales portes d'entrée sur le continent avec la Grèce, a été confrontée en octobre à un nombre record d'arrivées, soit plus de 27 000 personnes.