La police allemande a engagée une vaste opération dans l'est du pays pour retrouver un Syrien de 22 ans soupçonné de préparer un attentat à la bombe, avec des contrôles renforcés dans les aéroports et gares, à Berlin notamment.

Après avoir mis la main dans la journée de samedi sur un explosif très dangereux dans le logement qu'il occupait à Chemnitz, les forces de l'ordre traquent dans la ville et aux alentours Jaber Albakr, né en janvier 1994, et «soupçonné de préparation d'un attentat à la bombe».

Le suspect, qui n'avait toujours pas été retrouvé vers 22h GMT, aurait des liens avec l'organisation État islamique (EI), selon l'agence de presse allemande DPA, qui cite des sources des services de sécurité.

Arrivé en Allemagne l'an dernier comme réfugié, le jeune Syrien était depuis un moment surveillé par les renseignements intérieurs, qui ont donné l'alerte vendredi et déclenché la perquisition, a indiqué à l'AFP un porte-parole de ce service.

Il est soupçonné de vouloir s'en prendre à un aéroport allemand, affirme le site internet du magazine Focus.

Dans ce contexte, la sécurité dans les deux aéroports berlinois, Tegel et Schönefeld, et dans les gares de la capitale, a été renforcée. Chemnitz est située à 260 km au sud de Berlin.

«Plusieurs centaines de grammes» d'une «substance explosive bien plus dangereuse que la TNT» ont été retrouvés dans le logement qu'occupait le suspect, appartenant à une tierce personne, selon la police, qui a donc sans doute déjoué un attentat imminent.

«Rien qu'une petite quantité de cette substance peut provoquer d'énormes dégâts», a précisé la police, sans vouloir donner immédiatement de détails.

Selon le quotidien local de Chemnitz, Freie Presse, il s'agit de TATP, la substance explosive prisée des djihadistes de l'organisation État Islamique (EI), utilisé par les kamikazes des attentats de Paris (130 morts en novembre 2015) et de Bruxelles (32 morts en mars).

Le quartier périphérique de Chemnitz où s'est déroulée la perquisition est composé d'immeubles HLM datant de l'époque de la RDA communiste, où vivent un certain nombre de réfugiés.

Il restait quadrillé dans la nuit de samedi à dimanche par des policiers habillés de noir et lourdement armés.

«Actuellement, nous ne savons où (le suspect) se trouve ni ce qu'il transporte. Soyez prudents», a tweeté à l'adresse de la population la police locale, qui a interpellé trois personnes à Chemnitz, des «connaissances du suspect recherché».

Plus de 500 «assaillants potentiels»

Le mois dernier, trois porteurs de papiers syriens, arrivés en Allemagne par la même filière que les auteurs des attentats de Paris, ont été arrêtés dans des foyers de réfugiés, et un demandeur d'asile syrien de 16 ans, soupçonné de préparer un attentat pour le compte de l'EI, a été interpellé à Cologne (ouest).

La police allemande estime à plusieurs centaines le nombre d'islamistes présents dans le pays et représentant un danger.

Le gouvernement s'inquiète en particulier du phénomène «d'auto-radicalisation» chez certains jeunes réfugiés et du fait qu'ils soient approchés par des mouvements jihadistes cherchant à recruter.

Quelque 890 000 demandeurs d'asile sont arrivés en Allemagne l'an dernier.

L'Allemagne a connu en juillet deux attentats revendiqués par l'EI: un attentat suicide commis par un Syrien de 27 ans, débouté de sa demande d'asile, qui a fait 15 blessés, et une attaque à la hache perpétrée par un réfugié de 17 ans, qui a fait cinq blessés.

Ces actes ont contribué à nourrir l'inquiétude dans une partie de l'opinion à l'égard des demandeurs d'asile, malgré les appels des autorités à ne pas céder aux amalgames, et à doper la droite populiste anti-migrants. Le mouvement Alternative pour l'Allemagne (AfD) a enchaîné plusieurs succès électoraux ces derniers mois et accru la pression sur la chancelière Angela Merkel, de plus en plus critiquée pour sa politique d'accueil des demandeurs d'asile.

La police de Chemnitz a dû lancer samedi soir un appel sur son compte twitter pour appeler les usagers à cesser d'envoyer des messages racistes.