Plus de 100 000 pèlerins sont attendus dimanche à Rome pour la canonisation de mère Teresa, fondatrice des Missionnaires de la charité. C'est cinq fois plus que le nombre de personnes qui ont assisté à sa béatification, en 2003. La religieuse albanaise a soulevé la controverse durant sa vie. Nos explications.

QUI EST MÈRE TERESA ?

Mère Teresa arrive à Calcutta en 1929 avec un ordre religieux britannique. Frappée par la pauvreté et la maladie autour d'elle, elle décide, une vingtaine d'années plus tard, de fonder un ordre consacré aux pauvres, aux vieillards abandonnés et aux lépreux. Au fil des décennies, elle ouvrira des dizaines d'hospices, d'orphelinats, d'écoles et de mouroirs en Inde.

MIRACLE

En août 1998, une femme dans la quarantaine, Monica Besra, est admise au mouroir des Missionnaires de la charité, l'ordre fondé en 1950 par mère Teresa, à Calcutta. Mme Besra a une tumeur inopérable d'une quinzaine de centimètres dans l'abdomen. Le soir du 5 septembre, un an exactement après la mort de mère Teresa, Mme Besra semble à l'agonie. La mère supérieure prie devant elle et dépose sur son ventre une relique de mère Teresa : une médaille de la Vierge qui avait touché la dépouille de la religieuse albanaise. À 1 h du matin, Mme Besra se réveille et se rend compte que son ventre a repris sa forme normale. La tumeur n'y est plus, elle est guérie. Ce « miracle » a été contesté, notamment dans une entrevue du magazine Time avec le mari de Mme Besra, qui a affirmé en 2002 qu'il s'agissait plutôt d'une tuberculose. Le mari s'est par la suite rétracté et Mme Besra s'est convertie au catholicisme.

CONTROVERSES

Au fil des ans, de nombreux médecins et journalistes ont critiqué les conditions sanitaires dans les hospices indiens de mère Teresa, notamment l'absence de morphine pour les mourants, faute de liens avec les hôpitaux. Et en 1995, le chroniqueur britannique Christopher Hitchens a dénoncé le fait qu'elle ait accepté un titre honorifique et des dons du dictateur haïtien Jean-Claude Duvalier et qu'elle ait appuyé Lady Diana dans son divorce avec le prince Charles, tout en s'opposant à la légalisation du divorce. Des rumeurs de baptêmes forcés d'orphelins mourants ont aussi circulé.

AVORTEMENT

« Le plus grand destructeur de la paix, aujourd'hui, est le crime commis contre l'innocent enfant à naître. Si une mère peut tuer son propre enfant, dans son propre sein, qu'est-ce qui nous empêche, vous et moi, de nous entretuer ?... C'est pourquoi, aujourd'hui, je vous invite à prendre ici cette forte résolution : nous allons sauver tous les petits enfants, tous les enfants à naître, nous allons leur donner une chance de naître. Et que ferons-nous pour cela ? Nous lutterons contre l'avortement par l'adoption. » Ce passage du discours de mère Teresa pour son prix Nobel est régulièrement cité par ses critiques.

DOUTES

« Seigneur, mon Dieu, qui suis-je pour que vous me rejetiez ? L'enfant de Votre amour - et maintenant devenue comme la plus haïe - celle que Vous avez rejetée telle une indésirable. J'appelle, je m'accroche, je veux - et il n'y a personne pour me répondre - personne à qui me raccrocher. Je suis seule - indésirable, abandonnée. La solitude du coeur qui veut de l'amour est insoutenable. Cela fait mal sans cesse. Je n'ai pas la foi. » Ce passage d'une lettre de mère Teresa, datée de 1959, en a surpris beaucoup. Les théologiens ont expliqué que depuis les débuts du christianisme - même Jésus a douté au jardin de Gethsémani la veille de sa crucifixion -, doute et foi sont inséparables.