Le secrétaire d'État américain John Kerry doit revoir vendredi à Genève son homologue russe Sergueï Lavrov pour tenter de trouver un accord de sortie de crise sur la guerre en Syrie, a annoncé mercredi la diplomatie américaine.

Washington et Moscou président le Groupe international de soutien à la Syrie (GISS), qui rassemble une vingtaine de puissances mondiales et régionales et qui s'est doté, en novembre 2015 à Vienne, d'une feuille de route pour la paix, entérinée en décembre par une résolution du Conseil de sécurité de l'ONU.

Ce processus diplomatique se décompose en trois volets: cessez-le-feu, aide humanitaire et transition politique entre le régime syrien et l'opposition modérée.

En outre, les États-Unis et la Russie, qui soutiennent des camps antagoniques dans le conflit syrien, discutent depuis plus d'un mois d'une hypothétique coopération militaire pour faire tenir la trêve des combats sans cesse violée et afin de combattre ensemble les groupes djihadistes.

MM. Kerry et Lavrov se retrouveront ainsi vendredi à Genève pour parler du «rétablissement d'une cessation des hostilités nationale et durable, d'aide humanitaire» et de «la création d'un espace pour une transition politique», a souligné une porte-parole du département d'État, Elizabeth Trudeau.

«Attentes mesurées»

La diplomate américaine n'a pas voulu préjuger du résultat de ces entretiens, affirmant que les «attentes» de Washington étaient «mesurées», en raison de la situation dramatique à Alep et de l'échec de rencontres américano-russes passées.

«Le fait d'avoir programmé une réunion est un bon signe», s'est bornée à dire Mme Trudeau, ajoutant que les discussions porteront aussi sur le conflit en Ukraine.

A Moscou, son homologue russe Maria Zakharova a confirmé la rencontre Lavrov-Kerry.

Les deux hommes, qui affichent depuis des années leur proximité, ont encore parlé mercredi au téléphone, «sur initiative américaine» de «la situation en Syrie, y compris autour d'Alep (...) et des perspectives de la coordination des actions de la Russie et des États-Unis dans la lutte contre les terroristes», a précisé le ministère russe des Affaires étrangères.

M. Lavrov «a appelé les États-Unis à utiliser leur influence sur Kiev pour le mettre en garde contre des provocations et exhorter à un dialogue» avec les rebelles séparatistes prorusses dans l'est de l'Ukraine.

John Kerry est depuis mercredi soir à Jeddah, en Arabie saoudite, pour parler de la Syrie et du conflit au Yémen, après une tournée cette semaine au Kenya et au Nigeria.

Le chef de la diplomatie américaine a toujours misé sur Moscou pour tenter de trouver un règlement à la guerre syrienne, qui s'est complexifiée et internationalisée et a fait plus de 290 000 morts depuis mars 2011.

Les États-Unis et leur coalition militaire internationale contre le groupe État islamique (EI) bombardent les djihadistes depuis l'été 2014 en Irak et en Syrie. La Russie intervient depuis le 30 septembre 2015 en Syrie, avant tout pour soutenir les forces du président Bachar al-Assad.

Lors d'une visite de M. Kerry à Moscou mi-juillet, les deux puissances s'étaient mises d'accord sur des «mesures concrètes», restées confidentielles, pour sauver la cessation des hostilités et combattre les djihadistes. Le secrétaire d'État avait promis fin juillet des annonces pour le début du mois d'août sur cette éventuelle collaboration militaire américano-russe.

«Nous faisons des progrès» mais «nous n'y sommes pas encore», avait reconnu mardi un autre porte-parole du département d'État, Mark Toner.

Par ailleurs, une frappe effectuée mardi par la coalition anti-EI sur une usine d'armement près de la ville syrienne de Raqa pourrait avoir fait des victimes civiles, a annoncé mercredi le Pentagone.