Une vive tension persistait en Corse dimanche, au lendemain d'une violente rixe entre des jeunes et trois familles d'origine maghrébine qui ont fait cinq blessés dans le nord de cette île française de la Méditerranée.

Illustration du caractère explosif de la situation, environ 500 personnes ont participé après les heurts de la veille à un rassemblement à Bastia, et une délégation de ces manifestants a été reçue, en fin de matinée, à la préfecture: à sa sortie la foule a crié : «Aux armes! On va monter parce qu'on est chez nous!» avant de se diriger vers Lupino, un quartier périphérique populaire et métissé, dont les gendarmes ont bloqué l'entrée.

Samedi, «un différend a éclaté entre les membres de trois familles, d'origine maghrébine, et des jeunes de la région de Sisco qui ont reçu le renfort de proches», a expliqué dans un communiqué le parquet, ajoutant qu'il y avait eu des jets de pierres et de bouteilles et que trois véhicules avaient été incendiés. En fin de compte, «la gendarmerie est parvenue à maîtriser la situation, d'une grande violence», selon la même source.

Cent policiers et gendarmes ont été envoyés sur place pour ramener le calme.

Les cinq personnes blessées avaient toutes quitté l'hôpital dimanche, a précisé le parquet à l'AFP.

Une jeune fille mineure, témoin des affrontements, s'exprimant au mégaphone devant les personnes rassemblées dimanche, a affirmé que la rixe avait éclaté quand plusieurs femmes qui se baignaient en burkini (maillot de bain islamique) avaient été prises en photo par des touristes et quand des insultes avaient alors été proférées par un groupe de jeunes gens d'origine maghrébine. Plusieurs hommes plus âgés, d'origine maghrébine, sont alors arrivés, munis de hachettes, s'en prenant à un groupe d'adolescents corses qui étaient sur la plage, selon ce témoignage. Des parents des jeunes gens sont à leur tour intervenus et deux d'entre eux ont été blessés, a poursuivi la jeune fille.

«Le ton est monté», «les gens du village sont descendus», a-t-elle encore dit, assurant que les pneus de plusieurs de leurs voitures ont été crevés par des femmes maghrébines tandis que les villageois ont renversé une voiture et incendié deux autres véhicules appartenant à des Maghrébins.

Dès samedi, le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve a condamné «avec force ces violences», promettant que les enquêteurs feraient «la lumière sur ces faits intolérables».

Plusieurs incidents impliquant la communauté musulmane sont survenus ces derniers temps en Corse. En décembre, un lieu de prière musulman avait été saccagé après une attaque contre des pompiers pour laquelle des jeunes d'origine arabe avaient été mis en cause.

Le mois dernier, l'assemblée de Corse a adopté une résolution demandant à l'Etat de fermer les lieux de culte musulman fondamentalistes dans cette île, quelques heures après que le FLNC, un groupe indépendantiste, eut menacé les «islamistes radicaux» d'une «réponse déterminée» en cas d'attaque.