La justice française a écarté a priori jeudi l'hypothèse de la « bavure » après la mort d'un homme de 24 ans interpellé par les gendarmes dans la banlieue nord de Paris, qui a déclenché deux nuits d'échauffourées.

L'autopsie du jeune homme montre qu'il souffrait d'une « infection très grave » ayant atteint « plusieurs organes » et n'a pas subi de violences contrairement à ce que « certains membres de sa famille ont pu dire », a annoncé jeudi à l'AFP le procureur de Pontoise, Yves Jannier.

Adama Traoré est mort lors de son interpellation par les gendarmes à Beaumont sur Oise, mardi après-midi. Suspecté dans une affaire d'extorsion de fonds, cet homme a fait «un malaise» et est décédé à Persan, a déclaré à l'AFP le procureur chargé de l'affaire, Yves Jannier.

L'autopsie a fait en outre apparaître que « manifestement cette personne n'aurait pas subi des violences ». Des « égratignures » ont été constatées, « mais rien de significatif », a-t-il ajouté.

La cause de sa mort « semble médicale chez un sujet manifestement en hyperthermie au moment où il a été examiné par les services de secours », a poursuivi le magistrat.

Cette explication a été rejetée par les proches du jeune homme. « L'infection dont pourrait avoir souffert Adama Traoré n'explique pas les causes de la mort », a dit à l'AFP l'avocat de la famille, Karim Achoui. « On recherche les causes de la mort et là on nous donne son état de santé », a-t-il ajouté.

Me Achoui a annoncé qu'il allait demander une contre-expertise avant l'inhumation du corps.

Depuis le décès du jeune homme, des violences ont éclaté deux nuits de suite dans plusieurs communes voisines.

Dans la nuit de mercredi à jeudi, neuf personnes ont été placées en garde à vue pour des faits d'« attroupements armés, incendies volontaires et jets d'objets incendiaires sur les forces de l'ordre », selon les autorités.

La mort du jeune homme a suscité de nombreuses réactions sur les réseaux sociaux, autour du mot-clic #JusticePourAdama, parfois associé à BlackLivesMatter, habituellement utilisé pour dénoncer les brutalités policières contre les Noirs aux États-Unis.

Ces événements surviennent dans un contexte de très grandes tensions depuis l'attentat du 14 juillet à Nice (84 morts, plus de 300 blessés), avec des forces de l'ordre sous pression pour assurer la sécurité.

En octobre 2005, la mort de deux adolescents à Clichy-sous-Bois en région parisienne avait provoqué trois semaines d'émeutes, les plus graves révoltes urbaines dans l'histoire des banlieues françaises où vit une population défavorisée et souvent issue de l'immigration.

Les deux collégiens étaient morts électrocutés après être entrés dans un transformateur électrique pour échapper à un contrôle de police.

photo #sonsofafrica/twitter

Adama Traoré