Le Royaume-Uni a franchi mercredi une première étape vers la mise en oeuvre du Brexit en renonçant à sa présidence tournante du Conseil de l'UE en 2017, tandis que Theresa May a entamé des discussions sur le sujet avec Angela Merkel à Berlin.

Londres devait initialement assurer cette présidence de juillet à décembre 2017 après Malte et avant l'Estonie, qui la prendra finalement avec six mois d'avance pour remplacer le Royaume-Uni.

La nouvelle Première ministre britannique Theresa May a annoncé mardi soir cette nouvelle, conforme au vote britannique en faveur d'une sortie de l'Union européenne et aussi à la demande de nombreux autres pays européens pour lesquels une telle présidence était peu compatible avec la perspective d'une sortie.

La dirigeante conservatrice a fait valoir que son pays serait «très occupé, avec les négociations en vue de quitter l'UE», qui constituent une «priorité», selon Downing Street.

Theresa May a entamé dans ce contexte en fin d'après-midi une visite officielle en Allemagne, où elle a été reçue avec les honneurs militaires à Berlin par la chancelière allemande. Une conférence de presse est prévue pour 12h15 HE.

Mme May a choisi de se rendre en Allemagne avant d'aller en France rencontrer le président François Hollande, pour commencer à concocter le calendrier du Brexit, ce que certains médias allemands ont interprété comme le signe que Londres entend s'appuyer surtout sur Angela Merkel dans ces difficiles tractations à venir.

La première ministre tentera, selon ses services, d'«établir des relations de travail solides» avec deux de ses plus importants partenaires européens et expliquer pourquoi son gouvernement «a besoin de temps» avant d'ouvrir les négociations du divorce d'avec l'UE.

«Je suis déterminée à ce que le Royaume-Uni fasse de la sortie de l'Union européenne un succès et c'est pourquoi j'ai décidé de me rendre à Berlin et Paris sitôt après avoir pris mes fonctions», avait indiqué Mme May en présentant ses déplacements.

«Theresa May doit bâtir des ponts avec ses homologues», a déclaré à l'AFP Iain Begg, de l'Institut européen de la London School of Economics.

«Ses premières étapes sont les deux capitales les plus importantes d'Europe où elle va dire clairement ce qu'elle veut, ce qu'elle défend, le calendrier qu'elle a en tête pour le Brexit et comment elle compte procéder», a-t-il ajouté.

«Cerner son homologue»

Si la chancelière a tout d'abord demandé une clarification «rapide» des intentions britanniques après le référendum sur le Brexit, elle est ensuite apparue plus disposée que d'autres, et notamment François Hollande, à donner du temps à la nouvelle Première ministre.

«Je me réjouis de faire sa connaissance», a déclaré Mme Merkel à la chaîne de télévision allemande Sat.1, se disant prête à «donner au gouvernement britannique le temps de réfléchir».

«La notification (de la demande de sortie) viendra bien ensuite», a-t-elle ajouté.

Punir et braquer Londres en raison du Brexit «ne serait pas la bonne voie à suivre pour les générations à venir», a renchéri le président allemand Joachim Gauck mercredi dans un entretien avec le quotidien Bild.

Une souplesse dictée par les intérêts économiques allemands : le Royaume-Uni absorbe en effet 8% des exportations allemandes et accueille de nombreuses usines de groupes allemands.

«Pour Merkel, il va clairement y avoir une période pendant laquelle elle va tenter de cerner qui est son homologue», a estimé Iain Begg.

Du côté du président français, la priorité a été mise sur l'organisation «le plus rapidement possible» des négociations de sortie de l'UE du Royaume-Uni.

«Pour Hollande, il y a manifestement la crainte d'une contagion du Brexit en France», a jugé Iain Begg.

«Il va vouloir faire comprendre à Theresa May qu'elle ne peut pas retarder cela indéfiniment ou s'attendre à de gros cadeaux de la France parce que M. Hollande doit penser à la politique intérieure», a-t-il ajouté.

Pour Nina Schick, du cercle de réflexion Open Europe, «Paris et Berlin sont assez divisés sur ce que doit être l'avenir de l'UE».

Si Merkel peut temporiser pendant un temps, «la bonne volonté politique sera perdue si le Royaume-Uni tarde trop à activer l'article 50 du Traité de Lisbonne», a-t-elle dit.