L'attaque à l'arme blanche commise lundi par un jeune Afghan dans un train en Allemagne est la dernière d'une longue série, le transport ferroviaire étant périodiquement le cadre d'attentats malgré le renforcement constant des effectifs et des technologies de sécurité.

Armé d'une hache et d'un couteau, l'assaillant, âgé de 17 ans, a blessé cinq passagers d'un train reliant Treuchlingen à Wurtzbourg, dont quatre grièvement, avant d'être abattu par la police.

L'attentat, rapidement revendiqué par l'organisation État islamique (EI), rappelle l'agression d'un policier en février dans la gare de Hanovre, poignardé au cou par une adolescente germano-marocaine de 15 ans, également liée au mouvement ddjihadiste.

Longtemps épargné, le système ferroviaire le plus étoffé d'Europe (environ 5400 gares) affiche désormais ses failles sécuritaires, malgré la présence de 5000 policiers et 3700 agents de sécurité à bord des trains et dans les stations.

«Avec 40 000 trajets et 7 millions de passagers par jour, aucune personne responsable ne peut garantir une sécurité à 100%», explique la Deutsche Bahn.

La compagnie publique et la police fédérale ont néanmoins prévu d'investir 85 millions d'euros dans la vidéosurveillance d'ici 2023. Actuellement, seules 700 gares sont équipées d'environ 5000 caméras.

En France, 32 000 caméras sont réparties dans les gares et les trains, selon la SNCF, qui dispose aussi des 3200 agents de la Surveillance générale (Suge). Des milliers de policiers et de militaires sont également déployés dans le cadre des opérations Vigipirate et Sentinelle.

Cette présence massive n'a cependant pas dissuadé un Marocain de 26 ans d'embarquer en août 2015 à bord d'un train Thalys reliant Amsterdam à Paris, muni d'un fusil d'assaut et d'un pistolet automatique. Seule l'intervention héroïque de soldats américains en vacances avait permis d'éviter un carnage. 

Des cibles privilégiées

Après cet épisode, la France a installé en décembre des portiques de sécurité sur les quais du Thalys à Paris et à Lille, mais les pays voisins (Belgique, Pays-Bas, Allemagne) ne l'ont pas imitée.

Une nouvelle loi renforçant la sécurité dans les transports collectifs a été publiée en mars, permettant notamment aux agents de la Suge d'inspecter et de fouiller les bagages des voyageurs. Un décret doit les autoriser prochainement à réaliser des palpations de sécurité et à patrouiller sans leur uniforme.

La Belgique a aussi adapté son dispositif après les attentats du 22 mars, qui ont visé l'aéroport et le métro de Bruxelles. Infrabel, qui gère le réseau ferré, et la SNCB, qui exploite les trains, ont ajouté des caméras de surveillance et des militaires sont venus renforcer les agents de surveillance.

L'Espagne, frappée par une attaque de grande ampleur d'Al-Qaida en mars 2004 à Madrid (dix bombes, 191 morts, 1841 blessés), se considère en «risque élevé» d'attaque terroriste depuis juin 2015 et a augmenté, de 37 000 à 42 000, les effectifs des forces de l'ordre déployés cet été dans les zones touristiques, qui incluent les gares.

Le précédent madrilène n'avait pas empêché le même scénario de se reproduire à Londres en juillet 2005 (quatre bombes, 52 morts, 700 blessés), puis à Bombay en juillet 2006 (sept bombes, 187 morts, plus de 800 blessés).

Lieux de rassemblement par définition, les gares restent des cibles privilégiée pour des attaques de masse, comme à Kunming (sud de la Chine), où des séparatistes ouïghhours avaient tué 31 personnes et fait plus de 140 blessés en mars 2014.

Les trains sont aussi parfois visés, comme le Samjhauta Express («l'Express de l'Amitié») reliant l'Inde au Pakistan, frappé par une explosion en février 2007 (67 morts). Une liaison régional du Caucase russe avait auparavant été attaquée par un kamikaze tchétchène en décembre 2003 (41 morts).

Le rail était toutefois ciblé avant les vagues djihadistes. En France, le terroriste vénézuélien Carlos avait orchestré dans les années 80 les attentats du trains Paris-Toulouse (5 morts) et de la gare Saint-Charles (4 morts), tandis que l'OAS avait provoqué le déraillement du Strasbourg-Paris (28 morts) au début des années 60.

En Italie, l'attentat de la gare de Bologne en 1980 (85 morts) fut attribué à un groupe d'extrême-droite et celle du train Naples-Milan en 1984 (17 morts), à la mafia.

REUTERS

L'État islamique a mis en ligne cette vidéo où on peut voir l'assaillant de Wurtzbourg.