Des dizaines de personnes ont été tuées jeudi soir à Nice alors qu'un véhicule a foncé dans une foule qui participait aux célébrations de la fête nationale française.

Selon un bilan provisoire des autorités, au moins 84 personnes, dont des enfants, ont été tuées et des dizaines blessées, a indiqué le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve, dans la nuit de jeudi à vendredi.

Aucun Canadien ne figure parmi les 84 victimes a indiqué sur Twitter vendredi l'ambassadeur du Canada à Paris, Lawrence Cannon.

Des dizaines de blessés ont été transportés dans les hôpitaux de la ville. Le président François Hollande a indiqué vendredi qu'« une cinquantaine de personnes » se trouvent entre la vie et la mort.

Le drame s'est produit sur la Promenade des Anglais, un lieu hautement touristique. Un important périmètre de sécurité a été mis en place à proximité, a constaté un correspondant de l'AFP.

Le chauffeur a tiré plusieurs fois avec un pistolet avant d'être abattu, ont indiqué des sources concordantes.

«Au moment où il a été abattu par les policiers, il avait fait feu plusieurs fois», a souligné vendredi l'ex-maire de Nice et actuel président de la région de la ville, Christian Estrosi.

Selon une autre source proche des enquêteurs, le conducteur du camion a fait feu «avec un pistolet». En outre, une «grenade inopérante» a été retrouvée dans le camion ainsi que «des armes longues factices».

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Le chauffeur du camion, identifié par Nice Matin comme un homme d'origine tunisienne âgé de 31 ans, a été abattu.

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Les autorités policières indiquent que l'individu, identifié par Nice Matin comme un homme d'origine tunisienne âgé de 31 ans, aurait agi seul. Il aurait conduit son véhicule sur une distance de deux kilomètres avant d'être stoppé.

La police s'abstient de parler d'attentat même si «plusieurs ingrédients» laissent penser que c'est le cas. Le parquet antiterroriste de Paris a été saisi. Aucune revendication n'a été enregistrée.

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Le président français François Hollande, dans une allocution télévisée, a écarté ces réserves en relevant que le «caractère terroriste» de «l'attaque» ne pouvait être nié. Il a annoncé que l'état d'urgence, qui devait être suspendu le 26 juillet, sera prolongé pour une période de trois mois.

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François Hollande

«Nous devons faire la démonstration d'une vigilance absolue et d'une détermination sans faille», a relevé le président en dénonçant l'action du chauffeur du camion comme une «monstruosité» d'une «violence absolue».

L'attaque survient huit mois après qu'un commando terroriste se réclamant du groupe armé État islamique ait lancé une série d'attaques coordonnées à Paris, tuant 130 personnes. Le gouvernement a décrété l'état d'urgence dans la foulée du drame.

Dans un enregistrement audio distribué sur les médias sociaux en 2014, un porte-parole de l'EI appelait les partisans de l'organisation à tuer les ressortissants des pays qui participent aux opérations dans le nord de l'Irak. Il évoquait plus particulièrement la France et suggérait diverses méthodes possibles pour tuer les personnes ciblées, incluant d'utiliser un véhicule pour les écraser.

Un journaliste qui affirme avoir été sur place au moment du drame a indiqué sur Twitter que le conducteur du camion filait à une «allure folle sur les gens en donnant des coups de volant pour faucher un maximum de personnes».

«Ce camion de la mort est passé à quelques mètres de moi et je n'ai pas réalisé. J'ai vu des corps volaient comme des quilles de bowling sur son passage. Entendu des bruits, des hurlements que je n'oublierai jamais», a relaté Damien Allemand.

Hugo Lavigueur-Blouin, un médecin québécois en vacances à Nice avec sa conjointe, revenait des feux d'artifice sur la plage, tout près de la Promenade des Anglais, lorsqu'un mouvement de panique s'est emparé de la foule.

«Il y avait quelques familles qui couraient dans le sens contraire de la foule, l'air affolé. Je n'ai pas compris tout de suite pourquoi», a-t-il dit à La Presse.

«Lorsque nous sommes arrivés proche de la place principale, j'ai vu des dizaines de personnes affolées qui couraient en criant "il y a une bombe, sauvez-vous!"», a-t-il poursuivi.

Le jeune Québécois et son groupe d'amis ont alors rebroussé chemin en empruntant des détours pour se rendre jusqu'à leur auberge, située non loin de là.

«À l'auberge, il y avait des masses de monde qui rentraient, l'air apeuré. La police leur a dit de se mettre à l'abri.»

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Au Musée des beaux-arts de Montréal, où le consulat français tenait une réception pour souligner le 14 juillet, l'atmosphère était au recueillement. Tout juste après avoir appris la nouvelle, le maire de Montréal, Denis Coderre, a initié une minute de silence. «Montréal et le Québec seront toujours avec vous», a dit le maire, ému.

«Nous vivons des moments douloureux. Notre pays est frappé une nouvelle fois et le bilan s'alourdit. Je veux vous dire combien il est important de se rassembler», a déclaré le député Frédéric Lefebvre, présent à la rencontre.

«Ceux qui ont frappé la France ont frappé la civilisation, mais il faut prendre garde à ne pas tomber dans la haine», a déclaré Bernard Landry, ancien premier ministre du Québec, qui était aussi présent à la réception.

«Les Canadiens sont bouleversés par l'attentat de ce soir à Nice. Notre sympathie va aux victimes et notre solidarité, au peuple français», a indiqué le premier ministre du Canada, Justin Trudeau, sur son compte Twitter.



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«Ce n'est pas un hasard que la France soit attaquée - pas seulement la France, la Belgique les États-Unis. Nous avons été déclarés par Daesh [ennemi] numéro un. Pourquoi le 14 juillet? Parce que le 14 juillet, c'est liberté, égalité, fraternité. C'est ce qu'ils attaquent. C'est pour ça qu'il ne faut pas se laisser intimider», a déclaré l'ambassadeur de la France au Canada, Nicolas Chapuis.

Avec la collaboration de Philippe Teisceira-Lessard, Laura-Julie Perreault et Maxime Bergeron

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