Investie mercredi comme première ministre britannique, Theresa May a promis de «relever le défi» du Brexit et aussitôt fait sensation en confiant le ministère des Affaires étrangères à Boris Johnson.

Signe de l'immense tâche qui attend son gouvernement, elle a également créé un ministère entièrement dédié au Brexit dont David Davis, un ancien secrétaire d'État aux Affaires européennes, aura la charge.

Construire «un nouveau rôle audacieux et positif» hors de l'Union européenne (UE) pour son pays: c'est sur ce credo que Mme May, 59 ans, a inauguré son mandat, après avoir reçu la mission de former un gouvernement par la reine Elizabeth II.

Nommée en fin d'après-midi à Buckingham Palace, quelques minutes après que David Cameron eut remis sa démission, elle a tout de suite rejoint le 10, Downing Street pour distribuer les portefeuilles les plus importants.

Philip Hammond, ancien ministre des Affaires étrangères, a été le premier à être nommé, au portefeuille des Finances, signant la disgrâce de George Osborne, fidèle lieutenant de David Cameron.

Le principal meneur des pro-Brexit pendant la campagne pour le référendum, Boris Johnson, que beaucoup pensaient grillé après avoir renoncé à briguer le poste suprême, obtient les clés du Foreign Office.

«Nous avons une énorme opportunité dans ce pays de faire de notre nouvelle relation avec l'Europe et avec le monde un grand succès», a déclaré M. Johnson après sa nomination.

Theresa May et son équipe héritent d'un Royaume-Uni sens dessus dessous, profondément divisé, soumis à des turbulences économiques et la pression des dirigeants de l'UE pour que Londres engage au plus vite la procédure de divorce. 

«J'ai hâte», dit Juncker 

«J'ai hâte de travailler étroitement avec vous et d'apprendre vos intentions à ce sujet», a réagi le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker à peine la nomination de Theresa May officielle.

Le président français François Hollande a réitéré son souhait de voir les négociations pour la sortie du Royaume-Uni de l'UE être «engagées le plus rapidement possible», lors d'un entretien téléphonique avec Mme May.

La chancelière allemande Angela Merkel a également appelé Mme May, un entretien lors duquel les deux dirigeantes ont souligné la nécessité de poursuivre «des relations amicales éprouvées» entre leurs deux pays.

Un «sommet ou une rencontre» sur les suites du Brexit entre le président français, la chancelière allemande et le président du Conseil italien Matteo Renzi se tiendra fin août en Italie.

La 54e première ministre du pays, et deuxième femme après Margaret Thatcher, est une eurosceptique qui avait rejoint le camp du maintien dans l'UE pendant la campagne référendaire. Elle n'a pas dévoilé son calendrier lors de sa première allocution dans ses nouvelles fonctions.

Fille de pasteur, réputée pour sa détermination, sa force de travail, mais aussi une certaine froideur, elle a seulement promis «la justice sociale» et de veiller au maintien de l'unité du pays.

Elle avait prévenu auparavant qu'elle ne comptait pas activer l'article 50 du Traité de Lisbonne - qui lance le processus de sortie de l'UE - avant la fin de l'année.

Lors de sa dernière séance de questions devant le Parlement, David Cameron l'a invitée à ne pas complètement tourner le dos aux 27 autres membres de l'union.

«Il est vital pour notre industrie d'avoir un bon accès au marché unique, cela devra être une priorité», a-t-il déclaré.

Devant Downing Street, pour sa dernière allocution en tant que premier ministre, il a souhaité à son pays qu'il «aime tant» de «continuer à réussir».

L'émotion de Cameron

«Ca a été le plus grand honneur de ma vie de servir notre pays comme premier ministre ces six dernières années», a-t-il souligné avant de remercier, très ému, ses enfants et son épouse, «l'amour de (s)a vie».

Pour David Cameron, qui avait prôné le maintien dans l'UE, c'est une nouvelle vie qui commence. Le dirigeant conservateur a remporté deux élections législatives (2010 et 2015), survécu au référendum d'indépendance de l'Écosse... mais restera pour l'Histoire le premier ministre du Brexit.

«Je marche dans les pas d'un grand premier ministre moderne», a assuré Mme May en prenant possession des lieux.

Les premiers jours de son mandat seront scrutés de près par les marchés, déstabilisés par le choc du référendum.

La livre s'est reprise de plus de 4% par rapport à ses plus bas en 31 ans atteints la semaine dernière. Mais la Banque d'Angleterre pourrait assouplir dès jeudi sa politique monétaire afin de faire face à la détérioration des perspectives économiques du Royaume-Uni.

Pendant ce temps, l'opposition travailliste reste secouée par une profonde crise de leadership, énième répercussion du référendum.

Visé par une fronde de ses parlementaires, le chef du parti Jeremy Corbyn a remporté mardi une victoire cruciale: le comité exécutif du parti l'a autorisé à se présenter lors de nouvelles élections pour la direction du Labour prévues cet été.