Pour la onzième fois en quatre mois, plusieurs dizaines de milliers d'opposants à un projet de loi réformant le travail sont descendus mardi dans les rues en France, dans une ambiance tendue à Paris avec échauffourées et interpellations.

Cette fronde sociale est d'une ampleur inédite sous un gouvernement socialiste.

Dans la capitale, environ 200 personnes encagoulées, masquées et habillées de noir se sont glissées en tête de cortège, lançant des pavés sur les forces de l'ordre qui ont répliqué par des tirs de gaz lacrymogène.

Avant le départ, 27 interpellations avaient déjà eu lieu sur les points de filtrage.

Philippe Martinez, secrétaire général du syndicat contestataire CGT (Confédération générale du travail), a évoqué une « nouvelle journée d'actions » avec de possibles manifestations le 5 juillet alors que le texte sera toujours en débat au Parlement.

Très impopulaire, le gouvernement qui doit recevoir ces jours-ci les syndicats opposés à son texte et le patronat fait valoir que son projet rendra les embauches plus faciles dans un pays où le chômage reste endémique. Ses détracteurs dénoncent la crainte d'une précarité accrue pour les salariés et les jeunes.

À Paris, quelque 2500 policiers et gendarmes ont été mobilisés pour assurer la sécurité de la manifestation. Cinq jours après un défilé sans incident, mais qui s'était déroulé en boucle sur un parcours très restreint et avec des accès filtrés, les manifestants ont été autorisés à suivre un itinéraire plus classique de 2,8 km dans l'Est parisien.

Selon le syndicat Force ouvrière, 55 000 personnes manifestaient mardi à Paris. Selon la police, ils étaient entre 14 000 et 15 000.

Dans la journée, plusieurs manifestations et actions « coups de poing » avaient déjà été recensées dans plusieurs villes sans incident, à Marseille (sud-est), Lyon (centre-est), Rennes (ouest) et au Havre (nord-ouest) notamment.

« N'obéissons plus à un État aberrant », proclame le casque jaune de Jean-Jacques, 77 ans, manifestant à Strasbourg (est) qui déplore un « monde shooté à la croissance et au productivisme ».

À Paris, la tour Eiffel est restée fermée, une partie de son personnel faisant grève. Visitée par près de 7 millions de personnes, dont 80 % d'étrangers en 2015, elle avait déjà été fermée le 14 juin pour les mêmes motifs.

Outre les manifestations, des grèves ont touché depuis mars les secteurs des transports, de l'énergie et du ramassage des ordures, faisant craindre un moment des perturbations dans le déroulement de l'Euro-2016 de football (soccer).

Le gouvernement, qui a procédé à quelques ouvertures, refuse catégoriquement de « négocier » sur son texte.

Les syndicats ont déjà prévenu qu'ils poursuivraient en juillet, voire septembre, leur mobilisation si l'exécutif ne bouge pas.

Les précédentes manifestations, le 23 juin, avaient réuni dans toute la France 70 000 personnes selon la police, 200 000 selon les organisations.