L'alliance indépendantiste au pouvoir en Catalogne était mercredi au bord de l'implosion, sa composante la plus radicale, la CUP, ayant décidé de ne pas voter le budget du gouvernement régional, nécessaire au développement du projet séparatiste.

« Ce budget (...) ne contient pas les éléments de rupture » souhaités, a dit mercredi la dirigeante de la CUP (Candidature d'unité populaire, extrême gauche républicaine), Anna Gabriel, à la radio publique catalane.

Les dix députés CUP devraient en principe voter mercredi contre ce budget et s'aligner ainsi avec les partis non indépendantistes, soit 73 voix contre 62.

Cela empêcherait l'adoption du budget dans la plus riche des régions d'Espagne, où vivent 7,5 millions de personnes.

En janvier, la CUP avait pourtant promis de garantir la stabilité au gouvernement de l'indépendantiste Carles Puigdemont (du parti centriste Convergence démocratique de Catalogne, CDC) pour lui permettre de mener à bien sa feuille de route séparatiste en 18 mois, d'ici à 2017.

Cette feuille de route implique la mise en place d'institutions comme un trésor public indépendant, pour lequel un budget de 48,5 millions d'euros (environ 70 millions de dollars CAN) était prévu.

Le budget prévoyait aussi une hausse des dépenses sociales de 874 millions d'euros (près de 1,3 milliard de dollars CAN), visant ainsi à emporter l'adhésion au projet indépendantiste des plus démunis.

Mais mardi soir la CUP a refusé d'entériner le budget qui doit, selon elle, comprendre également une forte hausse des impôts pour les plus aisés et laisser s'accroître le déficit public de la région déjà lourdement endettée et qui ne peut plus se financer à l'étranger.

Cette décision devrait, sauf surprise, être confirmée lors d'un débat parlementaire mercredi.

Elle « est très grave », a réagi sur la radio Cadena Ser la porte-parole du gouvernement régional, Neus Munté (CDC). « Pour mettre en oeuvre la feuille de route (...) ce budget était absolument indispensable », a-t-elle ajouté.

La porte-parole n'a pas écarté la tenue de nouvelles élections régionales, moins d'un an après le scrutin qui avait permis aux séparatistes de devenir majoritaires au Parlement catalan, pour la première fois, en septembre 2015.

Cette crise intervient moins de trois semaines avant les élections législatives du 26 juin en Espagne, où la droite au pouvoir a centré ses attaques sur les « radicaux » du parti anti-austérité Podemos, troisième force politique du pays.

Mercredi matin, la vice-présidente du gouvernement espagnol Soraya Saenz de Santamaria a souligné les connexions de Podemos avec la CUP, en appelant les Espagnols à choisir la « stabilité » et les conservateurs.