La Pologne a donné lundi le coup d'envoi aux plus grands exercices militaires depuis la chute du communisme en 1989, avec la participation de plusieurs pays de l'OTAN, dans un climat de tension avec la Russie.

«Le but de l'exercice est de vérifier la capacité des pays de l'Alliance de défendre son flanc oriental», a déclaré le ministre polonais de la Défense Antoni Macierewicz lors de la cérémonie de lancement à Varsovie.

Au total, 31 000 soldats de 24 pays participeront à cet exercice bi-annuel au nom de code Anaconda qui commencera sur le terrain mardi et qui s'achèvera le 17 juin. Parmi les participants, outre 19 pays de l'OTAN, figurent des pays qui y sont associés au travers du Partenariat pour la Paix, dont l'Ukraine.

La Pologne, elle, déploiera plus d'un tiers des effectifs, soit 12 000 soldats. Les Américains seront 14 000 et les Britanniques un millier.

Trois mille véhicules, 105 avions, ainsi que 12 navires participeront à cet exercice sans précédent en Europe centrale depuis la fin de la guerre froide.

Mardi, l'exercice sur le terrain commencera par le lancement spectaculaire de deux mille parachutistes près de Torun, dans le nord-ouest du pays.

«Il faut souligner que dans ces conditions difficiles dans lesquelles nous nous trouvons aujourd'hui en Pologne et sur le flanc oriental, votre participation et cet exercice ont surtout un caractère défensif», a déclaré le ministre polonais s'adressant à des soldats.

Présent lors de la cérémonie d'ouverture, le général Mark Milley, chef d'état-major de l'armée des États-Unis, a souligné que pour les forces américaines le but de cet exercice était de démontrer qu'elles se tenaient «coude à coude avec la Pologne, avec le peuple et l'armée polonaise, ainsi qu'avec l'OTAN afin que chaque pays soit libre et indépendant».

Il a également rappelé que l'armée américaine allait augmenter sa présence militaire en Europe centrale et orientale.

L'exercice se tient un mois avant le sommet de l'OTAN les 8 et 9 juillet à Varsovie, qui devrait marquer la plus grande refonte de l'organisation depuis la guerre froide.

Lors de ce sommet, l'Alliance devrait officiellement annoncer un déploiement par rotation permanente tous les neuf mois d'une brigade blindée en Europe orientale.

Les unités de cette brigade devraient être déployées dans les Pays baltes, en Pologne, en Roumanie et en Bulgarie.

Leur arrivée s'inscrit dans ce que l'OTAN appelle sa  stratégie de «dissuasion et dialogue», et provoque la colère de Moscou. La Russie s'oppose fermement à l'installation de bases permanentes de l'OTAN dans les pays ayant appartenu à l'ex-Union soviétique et au bloc communiste. Elle s'appuie sur une promesse faite officiellement par l'OTAN en 1997, lorsque la détente consécutive à la chute du communisme était à son comble. Pour les partisans d'un déploiement permanent, cet engagement occidental a perdu sa raison d'être depuis l'annexion de la Crimée par la Russie.

A l'exercice participeront également pour la première fois des unités paramilitaires polonaises que le ministre Macierewicz veut transformer l'an prochain en unités de défense territoriale, destinées à s'opposer à d'éventuelles opérations «hybrides» russes comme celles menées en Crimée et dans l'est de l'Ukraine.

Selon l'agence PAP, la Russie a rejeté l'invitation polonaise à participer à l'exercice en tant qu'observateur.

La défense territoriale comptera 35 000 civils ayant suivi une formation militaire et sera intégrée à l'armée polonaise de métier qui doit passer ainsi l'an prochain de 100 000 à 150 000 hommes.