L'archevêque de Paris, le cardinal André Vingt-Trois, encourage les personnes qui estiment avoir été victimes d'abus sexuels de la part d'un prêtre de son diocèse à porter plainte, ont indiqué ses services vendredi soir.

Plusieurs médias ont fait état récemment de nouvelles accusations à l'encontre de Mgr Tony Anatrella du diocèse de Paris, alors que des affaires de pédophilie et d'agressions sexuelles minent l'Église de France depuis des semaines.

Se présentant comme «psychanalyste» et «spécialiste en psychiatrie sociale», Tony Anatrella, 75 ans, qui sans être évêque bénéficie du titre de «Monseigneur», est un prélat influent jusqu'à Rome, où il est consulteur au Conseil pontifical pour la famille. Il est aussi chargé de mission sur les drogues et la toxicomanie auprès du Conseil pontifical pour la pastorale des services de santé.

Selon le site d'information français Mediapart, un homme l'accuse de lui avoir fait suivre à son cabinet parisien pendant 14 ans, jusqu'en 2011, une «étrange thérapie, qui s'est acheminée progressivement vers des touchers à travers les habits ou sur la peau» et des masturbations».

Dans un communiqué diffusé vendredi par ses services, le cardinal Vingt-Trois indique bien avoir reçu via un prêtre «le témoignage écrit, mais anonyme, d'un patient majeur du Père Anatrella». Invitée à rencontrer l'official (juge ecclésiastique du diocèse), «cette personne n'a pas donné suite», relève l'archevêché.

Fin avril, un autre prêtre parisien a rencontré le cardinal Vingt-Trois «en disant connaître le témoignage d'autres personnes», selon le diocèse. «Ne pouvant agir sur la base de déclarations anonymes et indirectes, le cardinal a demandé à ce prêtre d'encourager ces personnes à prendre contact personnellement et à porter plainte», souligne le communiqué.

Le Père Anatrella avait déjà fait l'objet d'une plainte pour attouchements sexuels en 2006, classée sans suite par le parquet de Paris l'année suivante, rappelle le diocèse.

Personnage influent, parfois surnommé «l'analyste de l'Église» et considéré comme un spécialiste de l'adolescence, Tony Anatrella avait été associé à la rédaction de la brochure de la Conférence des évêques de France (CEF) «Lutter contre la pédophilie», publiée en 2003 et rééditée en 2010.

Proche de l'association «Manif pour tous» -qui avait été en pointe dans la vive contestation du mariage homosexuel en France-, il a décrit l'homosexualité comme «un inachèvement et une immaturité foncière de la sexualité humaine». Il fut considéré comme l'un des inspirateurs en 2006 de l'instruction du Vatican invitant à écarter les candidats à la prêtrise qui présenteraient une orientation homosexuelle.

L'archevêque de Paris a réuni vendredi son «conseil presbytéral» au sujet de la pédophilie, afin notamment de mettre en oeuvre les mesures de lutte contre les abus sexuels annoncées par la (CEF) le 12 avril.