L'Europe est une promesse qui n'a pas été tenue à l'égard de générations contraintes à des sacrifices pour « sauver des banques », a déploré jeudi le président du Parlement européen Martin Schulz.

« L'Europe est une promesse, mais une promesse qui n'a pas été tenue », a déclaré M. Schulz lors d'un débat sur l'avenir de l'Europe organisée à Rome en présence du président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker, des présidents du Conseil européen Donald Tusk et du Conseil italien Matteo Renzi.

L'Europe « était une promesse faite tous les jours pour davantage d'emplois, de services, de croissance », et des générations d'Européens ont consenti à des sacrifices dans l'attente de cette promesse, au moins pour leurs enfants, a expliqué M. Schulz.

Or, a-t-il ajouté, les dirigeants européens continuent à demander des sacrifices, moins de services, plus d'impôts, « pour quoi faire, pour sauver des banques ».

Il y a dès lors « un sentiment d'injustice, ce n'est pas l'Europe qu'ils voulaient voir », a-t-il ajouté en réponse à une question sur la montée des populismes dans l'Union européenne.

À trop idéaliser l'Europe, à la considérer comme un projet d'Union avec un seul Etat, une seule nation, est non seulement « complètement irréaliste », mais aussi dévastateur pour son avenir, a indiqué de son côté M. Tusk.

« Le rêve d'un seul Etat européen, d'une seule nation européenne est une illusion. Nous devons accepter de vivre dans une Europe avec différentes monnaies, avec différentes forces politiques, et la pire chose est de prétendre de ne pas le savoir », a-t-il ajouté.

Mais « nous ne parlons pas de l'Europe de la bonne façon », a expliqué M. Juncker. Chaque réunion ministérielle européenne à Bruxelles donne lieu à des interprétations variées, « comme si nous avions eu 28 réunions différentes », a-t-il déploré.

Les dirigeants européens ne viennent pas à Bruxelles avec l'idée de défendre l'Europe. « Maintenant, ils viennent à Bruxelles et donnent une conférence de presse pour dire : j'ai défendu nos intérêts nationaux », a renchéri M. Schulz, regrettant les générations précédentes de leaders plus « européens ».

Attention, a toutefois mis en garde M. Tusk, les États ne doivent pas être les boucs émissaires. « À Bruxelles, l'opinion commune est que les problèmes viennent toujours des États membres », a-t-il expliqué, jugeant dangereuse cette tendance à penser que « la vie serait beaucoup mieux sans les États membres ».