L'opposition macédonienne a affirmé mercredi qu'elle ne se rendrait pas à une réunion à Vienne pour régler la crise politique, si le pouvoir ne renonçait pas à une amnistie de personnalités et ne reportait pas les législatives du 5 juin.

Le parti au pouvoir en Macédoine, le VMRO-DPMNE (droite conservatrice), a indiqué qu'il prendrait part à cette réunion à l'invitation de l'Union européenne (UE). Mais le leader de l'opposition macédonienne, le social-démocrate Zoran Zaev (SDSM) n'a pas confirmé sa présence.

Le président Gjorge Ivanov «doit revenir sur sa décision honteuse d'amnistie (...) contraire à la Constitution, et le Parlement doit annuler la date des élections du 5 juin tant que les conditions d'un scrutin démocratique, honnête et crédible ne sont pas réunies», a déclaré M. Zaev à la presse.

«Faute de quoi, le SDSM ne participera pas à la réunion de Vienne», a-t-il dit. Il a accusé le VMRO-DPMNE au pouvoir d'avoir «enterré l'accord», conclu à l'été 2015 entre forces politiques macédoniennes sous l'égide de l'UE pour sortir l'ex-république yougoslave d'une interminable crise politique.

En fin de semaine passée, le gouvernement macédonien a confirmé la tenue des législatives le 5 juin, malgré les appels au report du SDSM, qui juge que les conditions ne sont pas réunies et a annoncé son intention de boycotter le scrutin.

Il accuse le parti au pouvoir d'atteintes aux libertés publiques, de corruption, de mise sous tutelle des médias ou encore de fraude électorale massive.

Dans la soirée de mercredi, plusieurs milliers de personnes ont manifesté à Skopje et dans une dizaine de villes de Macédoine, sans incident, pour soutenir l'opposition.

Plus de 2000 manifestants ont défilé calmement dans le centre de la capitale Skopje, alors que des centaines d'autres se sont joints à ce mouvement à Kumanovo, Bitola, Strumica, Prilep, Kocani, Veles, Stip, Kavadarci et Orhid.

De nouvelles manifestations ont été convoquées pour jeudi et, à Skopje, les sympathisants du pouvoir ont également annoncé leur intention de descendre dans les rues après une pause de quatre jours.

La crise politique qui paralyse depuis deux ans cette république des Balkans s'est brutalement envenimée le 12 avril quand le président Ivanov a blanchi par décret plus de 50 personnalités susceptibles d'être impliquées dans un scandale d'écoutes illégales et de corruption.

Depuis, à l'exception de dimanche, l'opposition descend chaque soir dans les rues de Skopje, s'en prenant au président, mais aussi au patron du VMRO-DPMNE et véritable homme fort du pays depuis 2006, Nikola Gruevski.

Comme les États-Unis, l'Union européenne a estimé que les conditions n'étaient pas réunies pour tenir le scrutin le 5 juin. La Macédoine est candidate depuis 2005 à l'adhésion à l'UE et depuis 2009 à l'OTAN.