À dix semaines du référendum sur la place du Royaume-Uni dans l'Union européenne, les regards européens et américains se tournent avec anxiété vers Londres, où la campagne officielle a commencé vendredi pour un vote que les sondages annoncent serré.

Cette première consultation des Britanniques sur l'Europe depuis 1975 inquiète les milieux économiques et les dirigeants du monde entier. Le premier ministre britannique joue, lui, sa place dans l'Histoire.

David Cameron a décidé d'organiser ce référendum le 23 juin pour tenter de calmer la frange eurosceptique de son Parti conservateur qui réclame depuis des années une révision des liens avec Bruxelles.

Lui-même va militer pour le maintien dans l'UE, répétant à l'envi que le Royaume-Uni sera plus riche et plus fort en restant dans l'UE, grâce à son statut spécial conforté lors du sommet européen de février.

Sa position est fragile alors que plus d'un tiers des députés conservateurs se déclarent pour une sortie et que le camp pro-européen a pour l'instant du mal à se mobiliser.

Il peut toutefois compter sur le soutien des principaux employeurs du pays, du monde de la finance et des dirigeants européens, qui multiplient les déclarations en faveur du statu quo.

Jeudi, le chef du Parti travailliste Jeremy Corbyn est aussi sorti de son silence pour appeler les Britanniques à éviter un Brexit.

Les États-Unis eux-mêmes se sont engagés dans le débat: le président américain Barack Obama, en visite à Londres la semaine prochaine, répétera «en tant qu'ami, pourquoi les États-Unis pensent qu'il est bon pour le Royaume-Uni de rester dans l'Union européenne», a annoncé la Maison-Blanche.

FMI et G20 se sont également inquiétés des dangers qu'un Brexit faisait peser sur le monde et particulièrement l'économie internationale. 

Au Québec, Bombardier a incité ses employés d'Irlande du Nord à voter contre le retrait du Royaume-Uni de l'UE.



PHOTO FRANK AUGSTEIN, AP

Quant à la campagne «Vote Leave», qui a reçu mercredi le label de campagne officielle pour la sortie de l'UE, elle organisait vendredi et samedi ce qu'elle a appelé un «blitz» d'événements à travers le pays pour faire les louanges du Brexit.

Maintien de la paix

Avec le lancement de la campagne commençaient les distributions de tracts, les deux camps tentant d'attirer à eux un maximum de Britanniques.

«Je crois que l'Europe est responsable du maintien de la paix et c'est l'une de mes principales motivations», a déclaré à l'AFP Gael Simmonds, une des neuf bénévoles à tendre des tracts pro-UE aux passants sous la pluie vendredi à Covent Garden, au coeur de Londres.

Pour Robin Phelps, un autre militant europhile, le référendum renvoie à «un choix de civilisation. Allons-nous vraiment être un pays isolationniste comme les États-Unis dans les années 30?», a avancé ce comptable de 38 ans.

L'ancien ministre des Finances travailliste Alistair Darling a accusé les pro-Brexit de porter un «projet fantaisiste». La formule répond aux accusations faites à l'encontre des europhiles d'être les tenants d'un «projet de la peur» en décrivant un scénario catastrophe en cas de sortie.

Mobiliser les jeunes

À Peterborough, dans le centre-est de l'Angleterre, le porte-parole du parti pro-Brexit UKIP, Peter Reeve, se disait quant à lui «résolument optimiste».

«Nous travaillons sur cette question pas seulement depuis quelques semaines, mais depuis 20 ans», a-t-il expliqué à l'AFP en distribuant des tracts.

Quant à la campagne «Vote Leave», qui a reçu mercredi le label de campagne officielle pour la sortie de l'UE, elle organisait vendredi et samedi ce qu'elle a appelé un «blitz» d'événements à travers le pays pour faire les louanges du Brexit.

Le très populaire maire de Londres, Boris Johnson était ainsi attendu dans plusieurs villes du nord de l'Angleterre, à Manchester, Newcastle et Leeds. Il a comparé le Brexit à une «évasion de prison» et a qualifié l'intrusion de Barack Obama dans le débat d'«hypocrite».

Les sondages annoncent un vote serré, avec les deux camps crédités d'un soutien de 50 % chacun, alors que le taux de participation sera un élément-clé du résultat.

Selon John Curtice, de l'université Strathclyde, des éléments montrent de façon récurrente que les électeurs favorables au Brexit «sont présentés comme plus enclins à aller voter».

Les pro-Brexit comptent aussi tirer profit de l'abstention, expression silencieuse, selon eux, d'un rejet des institutions de Bruxelles.

D'où l'importance pour «The In Campaign» de mobiliser les jeunes et les électeurs travaillistes, les plus susceptibles de voter oui à l'UE, mais aussi de s'abstenir.

AFP, Paul Ellis

Le maire de Londres, Boris Johnson