À un an de la présidentielle en France, le président socialiste François Hollande, contesté sur tous les fronts, a défendu jeudi lors d'une émission télévisée ses réformes qui ont permis selon lui de redresser le pays.

Affirmant avoir depuis quatre ans «modernisé le pays tout en protégeant son modèle social», le président a jugé: «oui ça va mieux: il y a plus de croissance, moins de déficits, moins d'impôts, plus de marges pour les entreprises, plus de pouvoir d'achat pour les salariés. Voilà pourquoi je vais poursuivre jusqu'au bout», a déclaré le président.

«Je réformerai tous les jours de mon mandat, jusqu'au dernier jour», a-t-il insisté face aux journalistes.

François Hollande, qui laisse planer le doute sur une candidature à sa réélection en 2017, doit ensuite dialoguer avec des Français incarnant des sujets d'actualité (une chef d'entreprise, un étudiant de gauche, la mère d'un jihadiste parti en Syrie et un électeur d'extrême droite).

L'exercice est ardu au moment où ses réformes clé accumulent les camouflets, alimentant le procès en manque de clarté et d'indécision de l'exécutif.

«Hollande face caméra et dos au mur», a résumé jeudi le quotidien Le Monde.

Après quatre mois de débats qui ont déchiré son camp, François Hollande a dû enterrer fin mars un projet de réforme constitutionnelle, lancée dans la foulée des attentats de novembre à Paris, qui visait notamment à déchoir de leur nationalité française les condamnés pour terrorisme binationaux.

Pis, la dernière grande réforme de son mandat, portant sur le droit du travail, a dû être vidée de ses mesures phares face à la colère de la rue, sans réussir à l'apaiser.

Peu avant le début de l'émission, le ministre de l'Economie, Emmanuel Macron, a affirmé que le gouvernement avait décidé «d'arrêter une partie des réformes», sans préciser lesquelles. Il a jugé au passage que c'était «toujours compliqué de lancer des réformes à la fin d'une mandature».

La réforme sur le droit du travail visant à réduire un chômage de masse (10% de la population active), en levant les freins à l'embauche, a été accusée par syndicats et organisations de jeunesse de précariser davantage les conditions de travail.

Ces piliers traditionnels de l'électorat de gauche ont massivement dénoncé lors de manifestations émaillées de violences, le virage libéral du gouvernement. Et continuent d'appeler à battre le pavé.

«Jeunesse légitime»

Des jeunes ont aussi initié un mouvement de contestation protéiforme baptisé «Nuit debout» sur l'emblématique place de la République à Paris, qui s'est propagé dans toutes les grandes villes du pays.

«J'ai eu 20 ans et je me suis aussi à un moment mis dans la mouvement parce qu'il y avait des injustices. Je trouve légitime que la jeunesse aujourd'hui veuille s'exprimer», a commenté François Hollande, tout en défendant son action en matière d'éducation.

Si le chef de l'Etat n'a jamais été populaire depuis son élection en 2012 à l'exception de brèves périodes suivant les attentats jihadistes de 2015, les dernières enquêtes d'opinion reflètent sans détour l'hostilité des Français.

Selon un sondage publié jeudi, plus de trois quarts des Français ne veulent pas que François Hollande se représente en 2017 et n'ont même pas envie de l'écouter jeudi soir à la télévision, n'attendant plus rien de lui.

Quant à son bilan, 87% des Français le jugent négatif. Même à gauche, ils sont 69% à être critiques envers son action.

«Le trouble, le doute et la colère se sont emparés du camp socialiste, il doit renouer le lien avec les Français, ce qui suppose d'abord de renouer le lien avec son propre électorat», renchérit Jérôme Fourquet, de l'institut de sondages Ifop.

Pour tenter de reprendre des couleurs, le gouvernement a annoncé plusieurs mesures exceptionnelles depuis le début de l'année: dégel des salaires des fonctionnaires, aides en faveur des jeunes, des agriculteurs ou de l'emploi.

La facture s'élève pour cette année à au moins trois milliards d'euros mais le gouvernement doit encore dire comment il compte financer ces aides multiples.