Les États-Unis ont mis en garde samedi ses ressortissants en raison de «menaces crédibles» d'attentats contre les touristes à Istanbul et Antalya (sud), dans un pays victime depuis neuf mois d'une série inédite d'attaques meurtrières.

Dans un message publié sur son site internet, l'ambassade américaine a informé «les citoyens américains qu'il existe des menaces crédibles (d'attaques) contre les zones touristiques, notamment les places publiques et les quais à Istanbul et Antalya», deux des destinations turques favorites des visiteurs étrangers.

«Nous vous prions de faire preuve d'une extrême prudence si vous vous trouvez à proximité de telles zones», ajoute ce message.

Vendredi soir, Israël a émis un message équivalent à destination de ses citoyens, les pressant de quitter la Turquie en raison de «risques immédiats» d'attentats dans les endroits les plus touristiques du pays.

Il y a exactement trois semaines, un kamikaze s'est fait exploser dans une artère commerçante du coeur d'Istanbul, tuant quatre touristes étrangers dont trois citoyens israéliens. Le gouvernement islamo-conservateur turc avait accusé le groupe djihadiste Etat islamique (EI) d'en être à l'origine.

En janvier, un attentat suicide, également attribué à l'EI, avait déjà tué douze touristes allemands dans le district historique de la plus grande ville de Turquie.

La Turquie vit depuis plusieurs mois en état d'alerte renforcée en raison d'une série inédite d'attaques attribuées à l'EI ou liées à la reprise du conflit kurde.

En février et en mars, deux attentats à la voiture piégée ont fait une soixantaine de victimes dans le coeur de la capitale turque Ankara. Ils ont été revendiqués par les Faucons de la liberté du Kurdistan (TAK), un groupe radical et dissident du PKK, qui mène depuis 1984 contre l'État turc une rébellion qui a déjà causé plus de 40 000 morts.

Le groupe EI est soupçonné d'avoir commis plusieurs attentats sur le sol turc depuis l'été. Le plus meurtrier d'entre eux, perpétré par deux kamikazes le 10 octobre, avait tué 103 personnes qui participaient à une manifestation prokurde à Ankara.

Longtemps soupçonnée de complaisance envers les groupes rebelles radicaux hostiles au régime de Damas, la Turquie a rejoint l'été dernier la coalition internationale antidjihadiste et multiplie depuis les arrestations dans les milieux proches de l'EI.

«Il n'y a pas d'autre pays au monde qui combatte Daech (l'acronyme arabe de l'EI) de façon aussi déterminée et efficace que la Turquie», a encore répété samedi le président turc Recep Tayyip Erdogan.

Dans son discours, M. Erdogan a une nouvelle fois dénoncé la mansuétude présumée des Occidentaux à l'endroit des milices kurdes de Syrie (Unités de protection du peuple, YPG), soutenues par Washington dans le cadre de la lutte contre l'EI.

Ankara considère les YPG comme un groupe «terroriste» car proche du PKK.

«La lutte contre le terrorisme ne devrait-elle pas être un combat commun ?», a-t-il demandé, rappelant les récents attentats de Paris et de Bruxelles.

Le secteur touristique turc, qui a rapporté 31,5 milliards de dollars (27,9 M euros), a été frappé de plein fouet par cette récente vague d'attentats, victime selon les opérateurs d'une chute drastique des réservations pour l'été prochain.

En février, le nombre de touristes a chuté de 10% par rapport à la même période de 2015, le plus fort recul mensuel enregistré en dix ans, selon les statistiques.