Le parquet d'Ankara a ouvert une information judiciaire pour une fuite présumée sur l'internet d'une base de données qui contiendrait les informations personnelles de près de 50 millions de Turcs, a rapporté mercredi l'agence progouvernementale Anatolie.

La base de données, qui n'a pas été authentifiée, a été mise en ligne par des pirates informatiques en début de semaine et aurait été volée à l'Office turc de la population, selon les médias turcs.

Ses informations contiendraient entre autres le numéro d'identification national, le sexe, les noms des parents, la date et le lieu de naissance, ainsi que l'adresse de deux tiers des 78 millions de Turcs, les exposant ainsi à toute une série de fraudes.

Le ministre de l'Intérieur Efkan Ala a nié toute fuite depuis l'Office turc de la population. Son collègue de la Justice, Bekir Bozdag, a suggéré que la fuite pouvait venir du Haut-conseil électoral (YSK) et pointé du doigt son caractère politique.

«Cinquantaine millions (de personnes), cela correspond au nombre d'électeurs en Turquie», a noté M. Bozdag, ajoutant que l'instance de régulation des élections «partage les informations sur les électeurs avec les formations politiques».

Une déclaration anonyme publiée sur le site internet d'un groupe islandais spécialisé dans la publication de fuites a revendiqué l'opération, assortie de commentaires peu amènes pour le gouvernement islamo-conservateur au pouvoir à Ankara.

«Qui aurait imaginé que des idéologies rétrogrades, le népotisme et un extrémisme religieux croissant mèneraient à une infrastructure technique vulnérable et qui part en miettes?», pouvait-on y lire à côté d'un profil du président Recep Tayyip Erdogan.

Pour authentifier leur forfait, les pirates ont publié les fiches personnelles de M. Erdogan, de son prédécesseur Abdullah Gül et du premier ministre Ahmet Davutoglu.

En visite de travail en Finlande, M. Davutoglu a assuré que son gouvernement prenait l'affaire «très au sérieux» et qu'il adopterait toutes les mesures nécessaires pour protéger les données personnelles de ses concitoyens.

Il a également minimisé l'importance de la fuite. «Je vois que mon adresse personnelle a été dévoilée. Il suffisait simplement de me la demander», a-t-il plaisanté.

Ce n'est pas la première fois que la Turquie est victime d'une telle attaque informatique.

Le groupe de pirates informatiques Anonymous a lancé en décembre une guerre numérique contre la Turquie, accusée de «soutenir (le groupe djihadiste) État islamique», et annoncé qu'il continuerait à mener des attaques contre les systèmes informatiques alimentant les banques, les aéroports et les installations militaires turques.