Un homme suspecté d'être impliqué dans un projet d'attentat conduit à un « stade avancé » en France a été interpellé jeudi en région parisienne où des perquisitions se poursuivaient dans la nuit, sans que ce projet semble avoir un lien avec les attaques qui ont frappé Bruxelles et Paris.

Les policiers de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI, renseignement intérieur) ont mené cette « interpellation importante » jeudi matin, a annoncé dans la soirée le ministre français de l'Intérieur Bernard Cazeneuve, selon qui elle a permis « de mettre en échec un projet d'attentat en France, conduit à un stade avancé ».

Jeudi soir, l'opération se poursuivait avec des perquisitions dans un immeuble d'habitation évacué de ses occupants à dans la banlieue d'Argenteuil, au nord de Paris. Une petite quantité d'explosifs, dont la nature n'a pas été précisée, a été retrouvée au domicile de l'homme interpellé, selon une source policière.

Des « opérations de déminage sont en cours afin que les policiers puissent procéder à la perquisition de l'appartement, du stationnement et des parties communes dans des conditions optimales », a expliqué Bernard Cazeneuve.

Quartier « tranquille »

Un vaste périmètre de sécurité avait été mis en place, des voitures de police et des policiers en armes barrant l'accès à la rue et maintenant plusieurs dizaines de badauds à distance, selon une journaliste de l'AFP.

« J'ai essayé de rentrer chez moi, mais les policiers ne m'ont pas laissé », pestait Karim, 19 ans, habitant dans l'immeuble voisin. Pour sa soeur Kolod, 23 ans, « normalement c'est très tranquille comme quartier ». « C'est bizarre, mais en même temps c'est rassurant de voir ces policiers », a-t-elle ajouté.

L'homme interpellé, de nationalité française, est « suspecté d'être impliqué à haut niveau dans ce projet. Il évoluait au sein d'un réseau terroriste qui projetait de frapper la France », a expliqué le ministre de l'Intérieur dans une déclaration à la presse.

Il avait été condamné en son absence dans un pays européen non précisé dans une affaire d'acheminement de jihadistes vers la Syrie, selon une source policière. L'homme devait être conduit dans les locaux de la DGSI pour y être entendu en garde à vue.

Le ministre ne s'est pas étendu sur ce projet d'attaque, mais « à ce stade, aucun élément tangible ne relie ce projet aux attentats de Paris et de Bruxelles », a-t-il fait valoir. La capitale belge a été frappée mardi par un double attentat dans un aéroport et dans le métro qui a fait 31 morts et 300 blessés selon un bilan provisoire. Ces attentats ont été commis par les membres de la même cellule jihadiste que ceux qui ont endeuillé Paris le 13 novembre et fait 130 morts et des centaines de blessés.

Coopération européenne

Les investigations sont conduites sous l'autorité d'un juge d'instruction antiterroriste, a indiqué le parquet de Paris à l'AFP.

L'enquête, conduite depuis « plusieurs semaines », « a mobilisé d'importants moyens de surveillance physique et technique, ainsi qu'une coopération étroite et constante entre services européens », selon Bernard Cazeneuve.

Outre les attaques de Paris, les plus meurtrières qu'aient connues la France, les attentats, pour certains avortés, se sont multipliés depuis les attaques contre l'hebdomadaire satirique Charlie Hebdo et le supermarché Hyper Cacher en janvier 2015.

En avril, Sid Ahmed Ghlam, étudiant algérien, était arrêté en possession d'armes de guerre, soupçonné d'avoir tué une jeune femme et projeté un attentat contre une ou plusieurs églises de Villejuif, en banlieue sud de Paris.

En juin, un homme avait décapité son patron puis, après une mise en scène macabre sur fond de drapeaux islamistes, tenté de faire exploser une usine près de Lyon, avant qu'en août un carnage ait été évité de justesse par des passagers d'un train Thalys, dont des militaires américains en vacances, qui avaient maîtrisé un tireur armé d'une kalachnikov et d'un pistolet.

Depuis le début de l'année, 75 personnes « en lien avec des activités terroristes » ont été interpellées en France, 37 d'entre elles ont été mises en examen, dont 28 incarcérées, a rappelé Bernard Cazeneuve.