Le dentiste néerlandais Mark Van Nierop, jugé en France pour avoir mutilé une centaine de patients entre 2008 et 2012, a reconnu sa responsabilité mardi à l'ouverture de son procès, ajoutant qu'à l'époque «les gens ne l'intéressaient pas».

Surnommé «le dentiste de l'horreur», Jacobus - dit Mark - Van Nierop, 51 ans, encourt dix ans de prison et 150 000 euros (près de 220 000 $ CAN) d'amende pour mutilations, escroqueries et faux en écriture.

«Je suis responsable», a déclaré devant le tribunal de Nevers, dans le centre-est de la France, cet homme au visage bouffi et aux cheveux poivre et sel - bien loin de l'homme à la carrure de rugbyman décrit à l'époque par ses victimes.

À l'évocation des plaignants, il a toutefois dit «ne pas se souvenir» de ses anciens patients.

Interpellé par la procureure sur sa mémoire défaillante, M. Van Nierop a répondu : «j'étais dans une situation psychique où les gens autour de moi ne m'intéressaient pas», précisant avoir «perdu après 2002, 2003 l'intérêt pour les gens» à la suite du décès de sa première épouse.

Le président du tribunal a relevé pour sa part que le praticien réalisait du «travail à la chaîne» dans son cabinet.

Dans le box, l'accusé a précisé qu'il recevait «entre 18 et 26 patients par jour».

Témoignant à la barre, une ancienne patiente, Sylviane Boulesteix, 65 ans, a confié être restée «sans dents pendant un an et demi» après avoir été soignée par le Néerlandais.

«Nous, on lui a fait confiance et il a trahi notre confiance», a fustigé la modeste sexagénaire, qui s'était endettée pour payer ces soins.

Autre plaignante, Géraldine Letot, 36 ans, avait consulté M. Van Nierop pour une carie: «Quelques séances plus tard, j'avais treize dents douloureuses», a-t-elle raconté.

Une ancienne collaboratrice a affirmé lors d'une audition, lue à l'audience, que l'objectif du dentiste était de «faire de l'argent».

«Aimez-vous l'argent?», a alors demandé le président du tribunal. «Pas de commentaire», s'est borné à répondre le Néerlandais.

Le quinquagénaire a toutefois reconnu avoir réalisé sur certains patients des soins qui ne répondaient pas aux «règles de l'art».

«Pathologie narcissique»

Jacobus Van Nierop s'était installé en 2008 à Château-Chinon, une zone rurale du centre-est de la France, où les professionnels de santé se font de plus en plus rares.

L'homme menait grand train, entreprenant des travaux d'importance dans sa maison et séjournant régulièrement dans des hôtels de luxe.

Des irrégularités de facturation ont alerté la Sécurité sociale, ainsi que certains patients, tandis que les plaintes commençaient à s'accumuler.

Parmi les plaignants, Nicole Martin, qui raconte avoir eu des «dents saines dévitalisées et des dents arrachées à cause d'abcès», a constitué le «collectif dentaire». Au total, 120 victimes seront recensées.

Fin 2013, alors inculpé et placé sous contrôle judiciaire, l'homme avait fui au Canada «pour (se) suicider». Il sera interpellé en septembre 2014, tandis qu'il tentait de mettre fin à ses jours. Il garde de cette tentative de suicide une longue balafre dans le cou.

Extradé vers les Pays-Bas, M. Van Nierop «a dit avoir tué sa première femme, il a joué la folie, il a dit être transsexuel... Il a joué le tout pour le tout» pour éviter son retour en France, avait souligné Mme Martin avant l'audience.

Selon l'une des expertises psychologiques, dont un extrait a été lu à l'audience, le quinquagénaire souffre d'une «pathologie narcissique majeure», entraînant l'effacement de «tout sens moral».

Un autre expert a toutefois souligné qu'il avait «parfaitement conscience de ses agissements».

«Je n'étais pas en état de me mettre à la place» des patients, a affirmé le prévenu, s'exprimant tantôt en français, tantôt en néerlandais.

Aux Pays-Bas, il avait déjà fait l'objet de sanctions disciplinaires après des plaintes.

Son procès doit durer jusqu'au 18 mars.