La princesse Cristina d'Espagne a affirmé, jeudi, dans le cadre de son témoignage à son procès pour fraude fiscale, que son mari gérait tous leurs comptes et qu'elle ne savait pas pourquoi certaines dépenses liées à leur mode de vie fastueux avaient été réglées avec la carte de crédit d'une entreprise dont ils étaient copropriétaires.

Cristina a passé 20 minutes à répondre aux questions de son avocat après avoir refusé de faire de même avec un avocat représentant le groupe anticorruption Manos Limpias («Mains propres»), qui est à l'origine des accusations déposées contre elle.

La princesse a soutenu n'avoir jamais questionné son mari, Iñaki Urdangarin, au sujet des activités d'Aizoon, l'entreprise qu'il dirigeait à partir d'un bureau situé dans leur somptueuse résidence de Barcelone où ils ont vécu pendant des années avec leurs quatre enfants, avant d'être forcés de la vendre en raison de leurs ennuis avec la justice.

Interrogée par son avocat quant à savoir pourquoi elle n'avait jamais parlé de l'entreprise avec son conjoint, elle a répliqué que ce n'était pas quelque chose qui l'intéressait et qu'à l'époque, leurs enfants étaient très jeunes et ils étaient très occupés.

Elle a ajouté que M. Urdangarin était responsable du budget familial et qu'elle n'était pas impliquée dans ce dossier.

Selon la poursuite, Iñaki Urdangarin aurait utilisé son ancien titre de duc de Palma pour détourner 6 millions d'euros en fonds publics par le biais de l'Institut Noos, un organisme qu'il dirigeait en collaboration avec un associé et dont la mission était d'organiser des événements sportifs.

Outre M. Urdangarin, un ex-médaillé olympique en handball devenu homme d'affaires, et Cristina, 15 autres personnes ont été accusées relativement à cette affaire.

Immédiatement après avoir témoigné, la princesse a invoqué son droit de répondre uniquement aux questions de son avocat et est demeurée assise en silence devant les trois juges qui président le procès, écoutant les questions de l'avocat de Manos Limpias sans y répondre.

Les magistrats devront décider si le couple a abusé d'Aizoon, une firme de consultation en immobilier décrite comme étant une «société de façade» dans les documents présentés à la cour, pour financer des vacances luxueuses, des soirées dans leur manoir et des cours de salsa.

La princesse fait face à deux chefs d'accusation de fraude fiscale, chacun passible d'une peine d'emprisonnement maximale de quatre ans.

Cristina, qui est la soeur du roi Felipe VI, est le premier membre de la famille royale espagnole à faire l'objet de poursuites depuis le rétablissement de la monarchie en 1975.

Le verdict devrait être rendu au courant de l'été.