La prestigieuse Philharmonie de Cologne était en émoi mercredi après qu'un claveciniste d'origine iranienne a été conspué au cours d'un concert pendant lequel il s'est vu intimer de «parler en allemand».

«J'étais choqué et soufflé», a déclaré à l'AFP Louwrens Langevoort, le patron de la prestigieuse Philharmonie de Cologne.

«Il s'agissait de personnes assez âgées qui n'ont témoigné aucun respect pour l'artiste, la musique où les autres spectateurs et ont bruyamment empêché le concert de continuer (...) Nous n'avions jamais vécu quelque chose comme ça depuis que la Philharmonie a été constituée, il y a 30 ans», a-t-il déploré.

L'incident s'est produit dimanche, au cours d'un programme musical habituel, apprécié par un public plutôt âgé d'amateurs de musique classique.

L'orchestre Concerto Köln s'y produisait en compagnie d'un claveciniste d'origine iranienne réputé, Mahan Esfahani.

Parmi les oeuvres jouées, des morceaux de Bach mais aussi des compositeurs modernes comme Fred Frith, Henryk Gorecki et Steve Reich.

Et c'est au moment où, avant d'interpréter un morceau de musique contemporaine de Reich, Piano Phase (1967), devant les quelque 1800 personnes présentes, le claveciniste a prononcé quelques mots d'introduction en anglais, qu'un spectateur lui a rétorqué: «Faites-nous le plaisir de parler en allemand!»

Mahan Esfahani a alors commencé à jouer, mais a été interrompu quelques minutes plus tard par des sifflets et des cris des spectateurs mécontents, tandis que d'autres se levaient bruyamment pour quitter la salle, obligeant le musicien à interrompre sa prestation, a raconté Louwrens Langevoort.

Le claveciniste s'est alors adressé une nouvelle fois à la foule, demandant: «De quoi avez-vous peur?»

Le calme est finalement revenu, et Mahan Esfahani et l'orchestre ont joué un concerto.

Cologne a été le théâtre le 31 décembre d'agressions massives sur des centaines de femmes, commises par des hommes présentés par les autorités comme originaires d'Afrique du Nord.

Ces agression avaient scandalisé l'Allemagne, aux prises avec un flux migratoire sans précédent depuis la Seconde Guerre mondiale : en 2015, ce pays a accueilli 1,1 million de demandeurs d'asile.