Les autorités françaises ont annoncé vendredi une nouvelle étape dans le démantèlement souhaité de la «jungle» de Calais (nord), plus grand bidonville de France où vivent quelque 4000 migrants rêvant d'un passage vers l'Angleterre, sur fond de montée des tensions dans ce secteur.

Après avoir fait évacuer fin janvier pour raison de sécurité environ 600 migrants d'une bande de 100 mètres jouxtant la rocade portuaire et les habitations des riverains, elles souhaitent désormais vider «la moitié» de la superficie de la «jungle».

«Le temps est venu de passer à une autre étape», «plus personne ne doit vivre sur (la) partie sud du camp (...), tout le monde doit quitter cette partie-là», a déclaré devant la presse la préfète du Pas-de-Calais Fabienne Buccio, estimant que «800 à 1000 personnes» y vivent aujourd'hui.

Les associations parlent cependant de 2000 personnes.

Objectif des autorités à terme, sans calendrier fixé officiellement : «arriver à 2000 personnes» dans la «jungle» et «que plus personne ne dorme dehors», ce qui passera par le démantèlement de «l'autre partie» du bidonville.

La préfecture a laissé une semaine aux migrants du secteur sud pour partir et «occuper les places mises à leur disposition», soit dans le centre d'accueil provisoire (CAP) ouvert en janvier, capable d'accueillir 1500 personnes, soit dans les différents centres d'accueil et d'orientation (CAO) de France, ralliés par 2600 migrants de Calais depuis fin octobre, selon elle.

«Si un vrai mouvement se crée, on laissera plus de temps», a souligné Mme Buccio.

Alors que le camp comptait plus de 6000 candidats au passage illégal vers l'Angleterre en octobre, ce chiffre est descendu à environ 4000 aujourd'hui - 3700 selon la préfecture, 4500 disent les associations.

Parmi eux, près de 500 femmes et enfants sont accueillis dans le centre Jules Ferry qui leur est spécialement dédié et environ 850 personnes se trouvent déjà dans le CAP.

«Désormais à Calais, nous pouvons recevoir 2000 personnes dans des conditions dignes. Nous avons encore des personnes qui vivent dans des conditions qui ne sont pas dignes, ça ne peut pas durer, et en plus ça donne une très mauvaise image de la région», a ajouté la préfète.

«Mépris total pour les réfugiés de guerre»

Si elle assure vouloir s'appuyer sur les associations oeuvrant dans la «jungle», les échanges risquent d'être crispés.

«C'est un terrible retour en arrière! Où vont aller les 2000 personnes qui n'auront pas de place dans le CAP ou à Jules Ferry? S'ils n'ont pas de solution d'accueil, ils repartiront en ville. Et les faire bouger en pleine période hivernale, c'est un mépris total pour les réfugiés de guerre» nombreux parmi les occupants du camp, s'emporte ainsi Christian Salomé, président de l'Auberge des migrants, «surpris» par cette annonce «violente».

À l'inverse, la mairesse de Calais Natacha Bouchart s'est dite «satisfaite» sur Twitter, espérant «que cette déclaration soit appliquée dans les meilleurs délais».