La police allemande a annoncé vendredi que des inconnus avaient lancé une grenade dans l'enceinte d'un foyer de demandeurs d'asile sans que l'engin n'explose, une première dans le pays où les attaques contre les centres de réfugiés se multiplient.

La grenade à main a été lancée par-dessus la clôture de ce centre situé à Villingen-Schwenningen, une ville de la Forêt-Noire (sud-ouest), selon un communiqué de la police. Une vingtaine de locataires de ce foyer de l'État régional du Bade-Wurtemberg ont été évacués après la découverte de cet engin explosif dans la nuit vers 1 h 15 (19 h 15 jeudi soir, heure de Montréal) par des vigiles.

La police judiciaire allemande (BKA) a souligné que c'était la première fois qu'un engin explosif était utilisé dans une attaque contre un foyer de demandeurs d'asile. «Le recours à une arme de guerre contre un centre de réfugiés est nouveau», a indiqué une porte-parole du BKA à l'agence de presse allemande DPA.

La police a précisé ne pas avoir pour le moment d'indices sur les auteurs, et précisé être à la recherche de témoins. Elle a ajouté ignorer à ce stade si la grenade était munie d'un détonateur.

Le ministre de la Justice, Heiko Maas, a jugé «effrayante» cette attaque dans une région qui accueille parmi le plus grand nombre de demandeurs d'asile du pays, après la Rhénanie du Nord-Westphalie (ouest) et la Bavière (sud).

Nous «ne devons pas attendre qu'il y ait les premiers morts», a-t-il ajouté sur son compte Tweeter, nous «devons lutter de manière encore plus décisive contre la violence et la haine».

Le dirigeant de ce Land (État régional), Winfried Kretschmann, cité par DPA, a jugé «vraiment inconcevable qu'on s'en prenne à des demandeurs d'asile avec des grenades à main, quasiment des armes militaires».

Des spécialistes ont procédé à une explosion contrôlée de l'engin et les habitants ont pu regagner leur logement quelques heures plus tard.

L'Allemagne, où sont arrivés 1,1 million de réfugiés l'an dernier, fait face à une augmentation inquiétante des attaques contre les centres d'accueil des migrants. Selon des chiffres révélés jeudi par la police criminelle, le nombre d'actes de violence contre les foyers de réfugiés a été multiplié par plus que six en 2015, à 173, contre 28 un an plus tôt.

Le nombre d'incendies volontaires a également crû fortement, de six en 2014 à 92 un an plus tard.

Devant l'afflux de réfugiés, le pays est en ébullition, en particulier depuis des agressions sexuelles commises contre des femmes à Cologne (ouest) lors du Nouvel An et attribuées à des migrants nord-africains.

Le débat politique est également virulent et la contestation contre la chancelière Angela Merkel gagne du terrain.