La visite en France du président iranien Hassan Rohani, deuxième étape d'un voyage consacrant le rapprochement entre Téhéran et les Européens depuis la levée des sanctions liées au nucléaire, devrait donner lieu jeudi à la signature d'importants contrats commerciaux.

Téhéran a déjà annoncé un vaste accord avec l'avionneur européen Airbus, qui porterait sur 114 appareils.

Un autre portera sur le retour en Iran du constructeur automobile français PSA Peugeot Citroën, via une co-entreprise avec le groupe local Iran Khodro qui produira à terme 200 000 véhicules par an, selon une source gouvernementale française.

Peu après son arrivée mercredi, le président Rohani a rencontré à Paris des dirigeants d'une vingtaine de grandes entreprises françaises devant lesquelles il a «formalisé le souhait de voir les relations (commerciales) se développer», selon le ministre français de l'Economie, Emmanuel Macron.

Dans cette perspective, M. Macron a annoncé un accord sur une garantie publique de l'État français pour les investissements à venir des entreprises du pays en Iran.

En Italie, où Hassan Rohani a fait étape avant sa venue en France, une quinzaine d'accords portant sur un total de 15 à 17 milliards d'euros ont été signés.

Le président iranien a conclu son séjour romain par une visite du Colisée et une conférence de presse au cours de laquelle il s'en est pris de nouveau à l'Arabie saoudite, son voisin arabe avec qui la tension s'est brusquement accrue depuis le début de l'année.

Il a refusé de s'excuser après l'incendie début janvier de l'ambassade saoudienne à Téhéran, jugeant que c'était plutôt à Ryad de faire les «choix justes» pour faire baisser cette tension entre les deux pays.

Mardi, l'influent prince saoudien Turki al-Fayçal avait déclaré à Paris que l'Iran devait «s'excuser» après l'incendie de l'ambassade lors d'une manifestation contre l'exécution par Ryad d'un dignitaire chiite saoudien.

Les deux pays s'affrontent de plus indirectement dans les conflits de la région, en particulier en Syrie, en Irak et au Yémen.

A la tête d'une délégation d'une centaine d'acteurs économiques et de plusieurs ministres, M. Rohani vient surtout en Europe pour les affaires.

«Moderniser notre flotte aérienne» 

Il doit rencontrer jeudi le patronat français et le président François Hollande, avec lequel il doit tenir une conférence de presse conjointe, selon la présidence française.

En Israël, le président du Parlement Yuli Edelstein a accusé mercredi M. Hollande d'«hypocrisie», en lui reprochant d'accueillir le chef de l'État iranien «durant la Journée internationale du souvenir de l'Holocauste».

Dimanche, le ministre iranien des Transports, Abbas Akhoundi, a annoncé la signature d'un gros contrat avec Airbus. «Lors de la visite en France du président, le contrat pour l'achat de 114 Airbus sera signé», a-t-il assuré.

Selon le vice-ministre des Transports, Asghar Fakhrieh Kashan, l'Iran «veut essentiellement acheter des Airbus A320, A321 et A330», à livrer cette année et en 2017. «A partir de 2020, nous recevrons des Airbus A350 et A380. Nous voulons acheter huit A380 et 16 Airbus A350», a déclaré le vice-ministre à l'AFP.

Avant de prendre l'avion pour l'Europe, M. Rohani a lui-même fait état lundi des projets économiques de l'Iran avec la France: «Dans le domaine des transports, des documents seront signés en France, nous devons moderniser notre flotte aérienne et acheter des locomotives».

Mardi à Rome, Rohani s'était livré à un exercice de relations publiques devant des dizaines de patrons italiens, qu'il a appelés à investir davantage en Iran. «L'Iran est le pays le plus sûr, le plus stable de toute la région», avait-il alors assuré.

M. Rohani s'était ensuite rendu pour la première fois au Vatican où il a rencontré le pape François, qui a exhorté l'Iran à oeuvrer pour la paix au Moyen-Orient.

Les entretiens ont permis de «relever le rôle important que l'Iran est appelé à jouer, avec d'autres pays de la région, pour promouvoir des solutions politiques adéquates aux problématiques qui affligent le Moyen-Orient, pour lutter contre la diffusion du terrorisme et le trafic d'armes», a déclaré le Vatican dans un communiqué.