Recherchés depuis une vingtaine d'années, trois membres présumés de la défunte organisation allemande d'extrême gauche Fraction Armée rouge (RAF) sont soupçonnés d'avoir attaqué deux fourgons blindés l'an dernier, a révélé mardi la justice, estimant qu'ils cherchaient à financer leur cavale.

Le parquet a indiqué qu'ils n'étaient repartis avec aucun butin à l'issue de ces deux tentatives de braquages et qu'aucun mobile «terroriste» n'était apparent.

Les suspects semblent être en quête de fonds après un premier braquage qui leur avait rapporté plus d'un million de Deutsche Marks (près de 790 000 $) en 1999, selon la même source.

Daniela Klette, 57 ans, Ernst-Volker Wilhem Staub, 61 ans, et Burkhard Garweg, 47 ans, n'avaient plus fait parler d'eux après cette attaque commise à Duisbourg (ouest) dans la foulée de l'autodissolution de la RAF, en 1998, raconte le parquet fédéral de Karlsruhe dans un communiqué.

Mais leur trace a resurgi l'an dernier, lorsque les enquêteurs ont relevé leurs empreintes ADN sur les lieux d'une attaque commise le 6 juin 2015 dans la banlieue de Brême (nord), explique le parquet voisin situé à Verden.

Pas de motivation «terroriste»

Trois personnes armées de fusils automatiques et d'un lance-grenades s'étaient attaquées à un fourgon blindé, avant de s'enfuir bredouilles pendant que les convoyeurs s'enfermaient à l'intérieur du véhicule, poursuit le parquet, pour qui «il n'existe pas d'indices d'une motivation terroriste».

«Il s'agissait sans doute plus probablement de trouver des moyens financiers pour vivre dans la clandestinité», ajoutent les magistrats, qui ont ouvert une enquête pour «tentative de meurtre aggravé» et «tentative de vol aggravé».

Les enquêteurs de Verden soupçonnent aussi un lien avec un braquage ultérieur survenu le 28 décembre dernier à Wolfsburg (ouest), également infructueux et commis selon le même mode opératoire, précise le parquet fédéral.

Le parquet de Brunswick, chargé des investigations sur le braquage de Wolfsburg, a confirmé à l'AFP les «parallèles» avec l'attaque de Brême, mais ne s'est pas montré plus affirmatif, les analyses ADN étant encore en cours.

Ernst-Volker Staub, Burkhard Garweg et Daniela Klette sont recherchés depuis les années 1990 pour leur participation supposée à la RAF, groupe d'extrême gauche prônant la lutte armée qui a tué une trentaine de personnes entre 1971 et 1991.

Les trois fugitifs sont notamment soupçonnés d'un attentat à la bombe commis le 27 mars 1993 contre le centre de détention en construction de Weiterstadt, qui n'avait pas fait de victimes, mais occasionné 123 millions de marks de dégâts (près de 98 millions de dollars), selon le parquet fédéral, compétent en matière de terrorisme.

Guérilla urbaine

Daniela Klette est également recherchée pour un attentat à la bombe manqué contre un bâtiment de la Deutsche Bank à Eschborn (ouest), le 25 février 1990, ainsi qu'une attaque à l'arme automatique contre l'ambassade américaine le 13 février 1991 à Bonn (ouest).

Si aucune de ces attaques attribuées à la RAF n'a fait de victime, dans le premier cas, l'attentat n'a échoué qu'en raison d'un détonateur défaillant, alors que trois employés de sécurité se trouvaient à portée des explosifs, précise le parquet fédéral.

Un an plus tard, les enquêteurs avaient relevé 65 impacts de balle sur la façade de l'ambassade américaine, dans laquelle se trouvaient «au moins dix personnes», et avaient évalué à «au moins 250» le nombre de projectiles tirés par les assaillants.

Issue de la frange radicale du mouvement étudiant de 1968 et connue sous le nom de «Bande à Baader-Meinhof», du nom de ses fondateurs Andreas Baader et Ulrike Meinhof, la RAF prônait une «guérilla urbaine» visant le gouvernement et l'élite allemande.

Les trois fugitifs recherchés par la justice allemande appartiennent à la «troisième génération» de membres de la RAF, explique le parquet fédéral, soit les lointains successeurs des créateurs du groupe arrêtés pour la plupart dans les années 1970.