Le président français François Hollande a annoncé que «plus de deux milliards d'euros» (environ 3,2 milliards de dollars) seraient consacrés à l'emploi, dont un milliard pour la formation, pour tenter d'inverser la courbe du chômage, condition qu'il s'est imposée pour prétendre à un nouveau mandat en 2017.

Dans un pays de plus en plus désabusé après moult promesses, le temps presse pour François Hollande, qui avait promis que cette courbe s'inverserait avant fin 2013 : 650 000 chômeurs supplémentaires se sont inscrits à l'agence nationale Pôle emploi depuis son élection en 2012.

Et malgré une petite baisse, 3,57 millions de demandeurs d'emploi, soit plus de 10 % des Français, n'avaient aucune activité en novembre, selon les derniers chiffres officiels.

«Seule question qui vaille au-delà de la sécurité», l'emploi justifie «un effort budgétaire significatif, de plus de deux milliards d'euros» qui «seront financés sans prélèvement supplémentaire d'aucune sorte, autrement dit (qui) seront financés par des économies», a déclaré M. Hollande lors de ses voeux aux entreprises et acteurs de l'emploi.

L'effort principal sera consacré à la formation, avec un milliard d'euros pour doubler le nombre de chômeurs en formation, a-t-il précisé.

Soupçonné par l'opposition de vouloir faire baisser artificiellement les chiffres du chômage à un an de la présidentielle, le chef de l'État a assuré que ce plan de formation n'était pas «un artifice statistique».

Cela n'a pas empêché le parti de droite Les Républicains de dénoncer un «mensonge éhonté». «Il faut derrière 500 000 emplois, sinon c'est le retour à Pôle emploi le jour d'après la formation», a tancé son secrétaire général, Éric Woerth.

Côté embauche, les entreprises de moins de 250 salariés percevront une prime immédiate de 2000 euros (environ 3200 $) par an pour toute embauche de plus de six mois de salariés rémunérés jusqu'à 1,3 du salaire minimum mensuel fixé à environ 1140 euros (1816 $).

Cette mesure s'ajoute aux nombreuses primes déjà existantes pour les très petites entreprises, notamment la prime à la première embauche et celle pour l'accueil d'un apprenti mineur, toutes deux annoncées au printemps 2015.

«Insulte aux chômeurs»

François Hollande a également annoncé de nouveaux assouplissements sur le temps de travail, un plafonnement des indemnités de licenciements accordés en justice et s'est dit «prêt à modifier la loi si nécessaire» pour «étendre les compétences des régions» sur la formation et l'apprentissage.

Le président socialiste a assuré vouloir aller «jusqu'au bout» pour réformer la France, «au-delà même de quelque échéance électorale que ce soit», dans une claire allusion à la présidentielle.

Après une embellie liée à sa gestion des attentats du 13 novembre, sa cote de popularité est en chute libre et les sondages lui sont pour l'heure défavorables s'il se représente.

Avant même le discours du chef de l'État, l'opposition s'était déchaînée sur son plan d'urgence, qualifié «d'insulte aux chômeurs», par un porte-parole des Républicains, Guillaume Larrivé. «Dans quelle planète vit François Hollande (...) pour imaginer qu'il suffirait de verser un petit chèque de 1000 ou 2000 euros à une entreprise pour qu'elle se mette à embaucher?»

Sitôt les mesures connues, le Front national (extrême droite) a dénoncé «un énième plan pour l'emploi» qui n'est «rien d'autre qu'un plan de candidature pour la présidentielle de 2017».

Même dans les rangs socialistes, des critiques se sont fait entendre. «L'ultime "plan" contre le chômage n'est ni suffisant ni différent», a estimé le député socialiste frondeur Christian Paul.

Le premier ministre Manuel Valls avait tenté samedi de convaincre des choix de l'exécutif. «Notre politique est la bonne», a-t-il assuré. «Avec une croissance davantage soutenue, avec des entreprises qui n'ont pas peur d'embaucher (...), en faisant en sorte que le marché du travail soit plus souple, je pense que nous aurons des résultats», a-t-il estimé.

Dans un pays en proie aux difficultés économiques depuis des années malgré les promesses de relance, un récent sondage soulignait le manque criant de confiance des Français : 77 % des personnes interrogées pensent que le nouveau plan d'urgence de l'exécutif ne fera pas baisser le chômage.