Une trentaine de personnes ont été blessées et 34 manifestants interpellés, lors d'une violente manifestation samedi à Pristina de l'opposition kosovare qui exige la démission du gouvernement et l'abandon d'un accord sur la normalisation des relations avec la Serbie.

Un précédent bilan faisait état d'une dizaine de blessés et d'une vingtaine d'interpellations.

Des milliers de manifestants ont afflué dans l'après-midi devant le siège du gouvernement.

« Ce gouvernement fait du trafic avec notre souveraineté. Nous réclamons la tenue d'élections anticipées tout de suite parce qu'ils n'ont plus le droit de gouverner le Kosovo », a lancé à la foule Fatmir Limaj, leader de l'Initiative pour le Kosovo.

De son côté, le leader de l'Alliance pour l'avenir du Kosovo, Ramush Haradinaj, a affirmé que ce rassemblement signifiait « la fin » du gouvernement en place à Pristina.

Avant même la fin des discours officiels, certains manifestants ont jeté des cocktails Molotov et des pierres par-dessus un cordon des membres des forces spéciales de police déployés en grand nombre autour du bâtiment.

Plusieurs vitres ont été brisées et un incendie s'est déclaré près de l'entrée de l'immeuble, avant d'être rapidement maîtrisé, a constaté un journaliste de l'AFP.

Les forces de l'ordre ont fait usage de gaz lacrymogène, de canons à eau et véhicules antiémeute pour repousser les manifestants, qui ont tenté d'ériger des barrages en renversant des conteneurs à ordures.

Trois véhicules blindés de la police ont pris feu après avoir été touchés par des cocktails Molotov, mais les flammes ont été vite maîtrisées.

La présidente du Kosovo, Atifete Jahjaga, a fermement condamné ces violences et appelé les manifestants « à la responsabilité et au calme ».

Le gouvernement a dénoncé des « actes de violence odieux » qui auraient eu pour objectif de « renverser le gouvernement ».

Les ambassadeurs américain et britannique à Pristina ont pour leur part déploré les actes de « violence » et appelé au « dialogue ».

L'opposition kosovare proteste depuis octobre, en bloquant notamment les travaux du Parlement, contre l'accord avec la Serbie conclu en 2013.

Cet accord exigé par Bruxelles - qui a permis à Pristina et Belgrade de faire des progrès dans le rapprochement avec l'Union européenne -, vise à la normalisation des relations entre la Serbie et le Kosovo, ancien territoire serbe majoritairement peuplé d'Albanais qui a unilatéralement proclamé son indépendance en 2008.

L'accord prévoit notamment la création d'une association des municipalités serbes, considérée comme cruciale par Belgrade, afin d'améliorer les droits de la minorité serbe du Kosovo.

La Serbie n'a pas reconnu l'indépendance du Kosovo qu'elle considère toujours comme l'une de ses provinces.