Le président conservateur polonais Andrzej Duda a signé la loi controversée sur les médias publics, critiquée par l'opposition et qui inquiète l'UE, a indiqué à la presse jeudi sa porte-parole.

La loi soumet de fait la télévision et la radio publiques au contrôle du gouvernement conservateur.

«Il est important pour le président que les médias publics soient impartiaux, objectifs et crédibles», a déclaré Malgorzata Sadurska. Selon elle, actuellement les médias publics ne respectent pas ces principes.

Les deux chambres du Parlement polonais, dominées par les conservateurs du parti de Jaroslaw Kaczynski (PiS), avaient adopté la loi fin décembre.

Les nouvelles dispositions font expirer avec effet immédiat les mandats des membres des directions et des conseils de surveillance de la télévision et de la radio publiques.

C'est le ministre du Trésor qui aura désormais la compétence de nommer et de révoquer les nouveaux patrons des médias publics, jusqu'à présent choisis par voie de concours organisés par le Conseil national de l'audiovisuel (KRRiT).

Plusieurs organisations internationales de médias comme l'Union européenne de Radio-Télévision (UER/EBU), l'Association des journalistes européens (AEJ) et Reporters sans frontières (RSF), ont exprimé leur «indignation» face à ces dispositions.

La Commission européenne avait également demandé au ministre des Affaires étrangères Witold Waszczykowski «de fournir des informations relatives à ce projet de loi».

Le parti Droit et Justice (PiS) de M. Kaczynski, pour qui il ne s'agit que d'un «premier pas» de la réforme, a déjà annoncé que la télévision et la radio publiques, ainsi que l'agence de presse PAP, qui sont actuellement des sociétés de droit commercial contrôlées par l'État, seraient transformées en institutions culturelles «nationales» parrainées par un Conseil des médias nationaux, à mettre en place par le nouveau pouvoir.

Pour l'opposition polonaise toutes tendances confondues, il s'agit tout simplement d'une prise de contrôle de ces médias par les conservateurs au pouvoir depuis deux mois.