La présence à Vienne d'«environ 150 crèches» confessionnelles musulmanes, selon un récent rapport universitaire, est au coeur d'une vive controverse politique en Autriche entre ceux qui y voient le ferment d'une possible radicalisation et leurs contradicteurs déplorant l'absence de preuves tangibles.

C'est la publication dans la presse de l'étude préliminaire d'un spécialiste en éducation religieuse, chercheur à l'université de Vienne, qui a fait enfler la polémique au sein de la classe politique viennoise depuis le début de la semaine.

Le ministre des Affaires étrangères et de l'Intégration, Sebastian Kurz (ÖVP conservateur), qui a qualifié le fonctionnement de certaines de ces crèches de «gros problème», a rencontré jeudi les responsables de la ville en charge des questions d'éducation et de l'enfance.

Le lancement d'une étude plus approfondie évaluant la situation de ces crèches a été annoncé à l'issue de la réunion.

Selon le rapport préliminaire du chercheur Ednan Aslan, dont un résumé de trois pages est disponible en ligne, l'éducation dispensée par certaines de ces structures conduit à un «isolement théologiquement fondé» des enfants vis à vis de la société, leur inculque des règles religieuses entravant le développement d'une «pensée autonome», promeut des «modèles traditionnels».

Le manque d'exemples concrets soutenant les affirmations de l'auteur est l'une des critiques portées par la municipalité sociale-démocrate (SPÖ) de Vienne sur le rapport.

Tout en défendant les contrôles menés par la ville au sein des crèches, la mairie s'est aussi dit prête à aller jusqu'à «la fermeture» des établissements où des manquements auraient été constatés.

L'extrême droite (FPÖ), en progression dans les urnes, est également montée au créneau pour exiger que ces crèches soient fermées car «ce qui commence dans une crèche se termine dans les camps terroristes des jihadistes».

Le président de la communauté musulmane Fuat Sanac a jugé «ridicule» le soupçon d'éducation «salafiste» pesant sur certaines crèches, expliquant que dans les établissements qu'il avait pu visiter l'éducation se faisait «essentiellement en allemand», en dehors «des prières au début des repas et de certains concepts du Coran».

Comme dans beaucoup de pays européens, la crise migratoire et les attentats de Paris ont accru la sensibilité de l'opinion publique autrichienne à la place de la religion musulmane dans l'espace public.