Paris, zone de guerre. Une série d'attentats à la ceinture explosive et à l'arme automatique a fait au moins 128 morts, vendredi soir dans la capitale française, plongeant à nouveau la ville dans l'horreur du terrorisme. L'AFP rapporte qu'il y aurait plus de 250 blessés dont 80 graves, d'après une source proche de l'enquête. Au total, huit assaillants auraient été tués dans les attentats, dont sept qui se seraient fait exploser.

L'attaque d'au moins deux assaillants contre une salle de spectacle du centre-ville, le Bataclan, a été particulièrement sanglante : l'opération policière pour libérer au moins une centaine d'otages s'est terminée lorsque les terroristes «se sont fait exploser», selon la police. On y déplore plus d'une centaine de morts.

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François Hollande a dénoncé «une abomination que des barbares ont commis» en tuant «le plus possible» d'individus innocents. 

Selon plusieurs témoignages crédibles relayés par des médias français, des terroristes auraient évoqué l'intervention occidentale en Syrie avant de commettre leur crime. 

Le président Hollande a décrété l'état d'urgence pour l'ensemble du territoire, une mesure inédite depuis la guerre d'Algérie, ainsi que le déploiement de l'armée à Paris. «Le combat sera impitoyable», a-t-il dit.

L'enquête qui a été ouverte devra permettre de savoir s'il y a encore «des complices ou co-auteurs dans la nature», a affirmé très tôt samedi François Molin, le procureur de la République pour Paris.

Six attentats

Les terroristes auraient frappé à six endroits au coeur de Paris, selon l'Agence France-Presse (AFP), en plus de tenter - en périphérie - une attaque contre le Stade de France, où se trouvait le président Hollande en début de soirée.

L'Associated Press affirme vendredi soir que les auteurs des attaques seraient tous morts, selon le préfet de la police de la capitale française. 

Aux stades de France

Au Stade de France, des kamikazes ont explosé avec leur ceinture d'explosifs pendant un match France-Allemagne auquel assistaient quelque 80 000 personnes. Le match n'a pas été arrêté, mais le chef d'État a été évacué en vitesse de la tribune. Quatre personnes sont mortes dans le secteur du Stade de France, dont «sans doute trois terroristes», selon un bilan rapporté par une source proche de l'enquête à l'AFP.

Au Bataclan

Au même moment, des terroristes ouvraient le feu dans l'enceinte du Bataclan, où un groupe musical américain se produisait devant 1500 spectateurs. 

«J'ai vu du sang, partout. [...] Ils ont tiré dans la foule. On s'est tous allongés. Il y a eu entre 50 et 100 coups de feu. La personne à côté de moi a pris une balle», a affirmé Thomas, un témoin contacté par TF1. «Je n'ai jamais vu autant de morts», a ajouté Yasmine, blessée au pied dans la même attaque.

«Deux ou trois individus non masqués sont rentrés avec des armes automatiques de type kalachnikov et ont commencé à tirer à l'aveugle sur la foule», a relaté un journaliste de la radio Europe 1. «Les assaillants ont eu tout le temps de recharger à au moins trois reprises.»

D'autres spectateurs ne verront jamais l'extérieur de la salle. Les médias français évoquent tous plus d'une centaine de morts.

L'attaque à l'arme automatique s'est transformée en prise d'otages, avec une centaine de victimes séquestrées à l'intérieur.

L'assaut policier «a été extrêmement difficile: les terroristes s'étaient enfermés à l'étage, ont explosé et avaient des ceintures d'explosifs», a déclaré à l'AFP le patron de la police parisienne, Michel Cadot. «Trois d'entre eux se sont fait sauter avec leurs ceintures d'explosifs et un quatrième, lui aussi porteur d'une ceinture, a été touché par la police avant d'exploser en tombant.» Il n'a pas été possible d'établir si des policiers sont morts dans l'assaut. 

Restaurants arrosés de balles

Scène de «cauchemar» aussi dans le 10ème arrondissement, selon un journaliste du quotidien Libération présent au bar Le Carillon, qui y a vu «plusieurs morts».

Selon l'AFP, des coups de feu auraient aussi été tirés dans les rues de Charonne, Bichat, République et de la Fontaine du roi, ainsi que sur les boulevard Voltaire et Beaumarchais.

«J'ai entendu un bruit comme pétard, je croyais qu'il y avait un anniversaire, puis un deuxième, un troisième, et j'ai vu du sang gicler», a expliqué un témoin des événements de la rue de Fontaine du roi à l'AFP.

La mairie de Paris a demandé vendredi aux résidents de la capitale de demeurer à l'endroit où ils se trouvent et d'éviter tout déplacement dans les rues. L'ensemble des services publics seront fermés demain. 

«Ce soir, c'est le moment de la douleur, des pleurs, du deuil. Mais Paris est là, debout», a affirmé la mairesse de la ville, Anne Hidalgo.

- Avec l'Associated Press et l'Agence France-Presse