Les députés ukrainiens ont voté jeudi contre un amendement du code du travail visant à interdire les discriminations à l'encontre des minorités sexuelles, une mesure dont la mise en oeuvre est pourtant exigée par l'Union européenne en préalable à une libéralisation du régime des visas souhaitée par Kiev.

Seuls 117 députés ont voté en première lecture en faveur de cette mesure, alors qu'un minimum de 226 voix est requis.

«Un statut spécial envers les minorités sexuelles est aujourd'hui inacceptable. Ils ne sont pas victimes de discrimination», a justifié Pavlo Oungourian, député du «Front populaire» du premier ministre Arseni Iatseniouk.

L'obtention d'une libéralisation du régime des visas dans la zone Schengen est une promesse phare des autorités pro-occidentales, arrivées au pouvoir après la chute du régime du président prorusse Viktor Ianoukovitch destitué après trois mois de contestation proeuropéenne sur le Maïdan à Kiev, réprimée dans le sang.

Au préalable, Kiev doit compléter un programme de mesures qui vont de la délivrance de passeports biométriques, à la bonne surveillance des frontières et une politique migratoire et d'asile performante pour éviter que le pays ne devienne une porte d'entrée incontrôlable dans l'UE.

De nombreuses autres conditions, comme l'état de droit, le respect de la liberté de mouvement, la lutte contre la corruption, le crime organisé et les discriminations, sont également exigées par Bruxelles.

«C'est un véritable coup porté à nos chances d'obtenir une libéralisation du régime des visas», a réagi Irina Guerachtchenko, députée à l'origine de la proposition d'amendement, sur sa page Facebook.

Selon Irina Souchko, de l'ONG ukrainienne «L'Europe sans barrières», ce vote représente «une grande perte en terme d'image pour l'Ukraine».

«Nous savons qu'il y a des discriminations contre la communauté LGBT dans le cadre du travail et pas seulement dans ce cadre», a renchéri Tetiana Mazour, directrice d'Amnesty International pour l'Ukraine, interrogée par l'AFP.

«Le fait que cet amendement anti-discrimination n'ait pas été adopté témoigne de l'incapacité à surmonter les stéréotypes erronés de l'époque soviétique», a-t-elle ajouté.

L'homosexualité, qui était punie par la loi en URSS, reste très stigmatisée en Ukraine, une ex-république soviétique où l'Église orthodoxe a une forte influence.