Les deux pilotes français récemment évadés de République dominicaine, où ils avaient été lourdement condamnés pour trafic de drogue, ont été emprisonnés lundi en France après avoir été entendus par des juges, selon des sources judiciaires.

Les gendarmes s'étaient présentés tôt dans la matinée aux domiciles de Pascal Fauret, 55 ans, et de Bruno Odos, 56 ans, situés dans le centre-est du pays, pour les conduire devant des juges, selon des sources proches du dossier.

L'avocat de Pascal Fauret, Jean Reinhart, s'était dit «surpris» auprès de l'AFP par la procédure choisie. «C'est un peu spécial», «c'est pour faire du spectacle», a-t-il estimé, rappelant que son client, de même que Bruno Odos, avait dit «publiquement qu'ils étaient disposés à se rendre à une convocation» de la justice.

Les deux hommes étaient les pilotes d'un avion d'affaires Falcon 50 intercepté en mars 2013 à l'aéroport de Punta Cana avec 680 kg de cocaïne à bord, répartis dans 26 valises, selon les autorités dominicaines.

Ils avaient été condamnés mi-août à Saint-Domingue à 20 ans de prison, mais laissés libres en attendant leur procès en appel.

Des proches ont alors organisé dans le plus grand secret une opération d'exfiltration rocambolesque, par bateau puis par avion, permettant aux pilotes de regagner la France fin octobre.

Ils avaient dit s'en remettre à la justice française pour prouver leur innocence et attendaient d'être entendus par la juge marseillaise, qui enquête depuis février 2013 sur un vaste trafic de drogue transatlantique.

Un mandat d'arrêt international a été lancé contre les deux pilotes par la République de Saint-Domingue. Après l'arrivée des deux hommes en France, Paris avait toutefois écarté l'hypothèse d'un renvoi en République dominicaine.

Deux autres Français, qui étaient passagers de l'appareil, Nicolas Pisapia et Alain Castany, sont toujours en République dominicaine, où, également condamnés à 20 ans de prison, ils attendent l'issue de la procédure en appel.

Dans le volet français de l'enquête, dès janvier 2013, les gendarmes avaient été alertés de «comportements suspects» de passagers d'un Falcon 50 ayant atterri un mois plus tôt dans la cité balnéaire de Saint-Tropez.

Le 9 décembre 2012, un douanier en poste à Toulon (sud-est), soupçonné aujourd'hui de complicité, était allé accueillir l'avion, avec à son bord Pascal Fauret, Bruno Odos et Nicolas Pisapia. Il avait fait entrer sur le tarmac deux véhicules qui avaient emporté dix valises déchargées de l'appareil.

Selon l'enquête, deux autres déchargements identiques avaient eu lieu en 2012 et un autre était prévu le 18 mars 2013.

Un homme d'affaires, Franck Colin, a reconnu avoir affrété l'avion et a été placé en détention.