La justice turque a inculpé et écroué dimanche soir quatre personnes dans le cadre de l'enquête sur le double attentat-suicide qui a fait 102 morts le 10 octobre devant la gare Centrale d'Ankara, a rapporté lundi l'agence de presse progouvernementale Anatolie.

Ces quatre suspects, dont l'identité n'a pas été révélée, sont notamment poursuivis pour  «fabrication d'engins explosifs dans l'intention de tuer» et «tentative de renversement de l'ordre constitutionnel», a précisé Anatolie.

Le procureur d'Ankara responsable du dossier a par ailleurs remis deux suspects en liberté et délivré un mandat d'arrêt contre neuf autres personnes soupçonnées d'avoir participé à cette attaque, la plus meurtrière jamais perpétrée sur le territoire de la Turquie.

Les autorités turques ont présenté le groupe djihadiste État islamique (EI) comme le «suspect numéro 1» de ce double attentat, qui a visé un rassemblement de l'opposition prokurde contre la reprise depuis juillet des hostilités entre les forces de sécurité turques et les rebelles du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK).

Selon la presse turque, la police soupçonne deux jeunes Turcs originaires de la ville d'Adiyaman (sud), un fief islamiste, d'être les auteurs de l'attentat. L'un d'eux est le frère de l'auteur présumé d'une précédente attaque attribuée par Ankara à l'EI, qui avait fait 34 tués en juillet à Suruç, près de la frontière syrienne.

Dimanche, la police turque a opéré un vaste coup de filet contre les milieux djihadistes à Istanbul, interpellant une cinquantaine de ressortissants étrangers.

La Turquie est le principal point d'entrée en Syrie des recrues de l'EI.

À la veille des élections législatives anticipées du 1er novembre, l'attentat d'Ankara a relancé la colère contre le président Recep Tayyip Erdogan, accusé par l'opposition prokurde d'avoir négligé la sécurité de la manifestation et de complaisance avec l'EI.