Le premier ministre britannique David Cameron a annoncé jeudi à Bruxelles qu'il préciserait début novembre les réformes qu'il réclame pour que son pays ne sorte pas de l'Union européenne, face aux impatiences grandissantes de ses collègues.

« Le rythme va désormais s'accélérer », a promis M. Cameron à propos des discussions en cours entre le Royaume-Uni et l'UE, à son arrivée à un sommet des chefs d'État et de gouvernement de l'UE, principalement consacré à la crise migratoire.

« Nous allons aussi discuter de la renégociation britannique », a rappelé le premier ministre, indiquant qu'il allait « à nouveau exposer les quatre domaines essentiels dans lesquels nous avons besoin de changement » et qu'il exposerait « ce que ces changements seront au début du mois de novembre ».

Selon un responsable britannique, M. Cameron fera part de ses projets dans une lettre qu'il écrira début novembre au président du Conseil européen Donald Tusk, peu avant d'importantes discussions prévues avec ses homologues européens en décembre.

Cette missive « stipulera les changements que nous voulons voir », a déclaré ce responsable à des journalistes, sous couvert de l'anonymat.

La lettre à l'attention de M. Tusk sera rendue publique, a précisé une autre source à l'AFP.

« Je me félicite de l'engagement du premier ministre David Cameron à m'adresser une lettre début novembre avec une liste des requêtes du Royaume uni. Ensuite les vraies négociations peuvent commencer », a réagi le président du Conseil sur son compte Twitter.

David Cameron, confortablement réélu en mai, a promis d'organiser d'ici fin 2017 un référendum sur le maintien ou non du Royaume-Uni dans l'UE. Dans cette perspective, il veut obtenir des « réformes » du bloc européen, en faisant une condition pour faire campagne en faveur du maintien de la Grande-Bretagne dans l'UE.

Mais plusieurs sources européennes ont souligné que Londres tardait à formuler des demandes concrètes, retardant ainsi les tractations, malgré des discussions « techniques » lancées en juin.

Besoin d'éclaircissement

Pour l'heure, M. Cameron n'a fait que délimiter les domaines dans lesquels il souhaite obtenir des réformes. Il s'agit notamment de la question des aides sociales aux immigrés originaires de l'UE, qu'il souhaite réduire.

Le dirigeant conservateur britannique veut également se réserver la possibilité de s'exempter d'une plus grande intégration politique éventuelle, obtenir des concessions sur la compétitivité économique et une plus grande protection des pays qui n'appartiennent pas à la zone euro.

M. Cameron a brièvement évoqué le sujet à l'ouverture du sommet devant les autres dirigeants, mais « sans autre réaction » de la part de ses collègues, a précisé une source européenne.

Des sources diplomatiques européennes ont laissé percer leur frustration cette semaine, avertissant que si M. Cameron ne faisait pas preuve de bonne volonté d'ici le mois de novembre, la discussion devrait être repoussée au-delà du sommet européen de décembre, jusqu'à celui de mars.

« Nous avons besoin de lumière sur ce que nous allons discuter dans les prochains mois », a lancé jeudi le président du Parlement européen Martin Schulz.

Le premier ministre belge Charles Michel, de son côté, a déploré de ne « toujours pas savoir ce que veut et souhaite M. Cameron », observant que les dirigeants de l'UE lui avaient demandé à maintes reprises des détails supplémentaires pour pouvoir démarrer les négociations.

« Il faut être deux pour danser le tango », a résumé le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker.

Aucune date précise n'a été fixée pour le référendum, annoncé depuis deux ans et demi. Un responsable européen a évoqué le mois d'octobre 2016.

Selon certains observateurs, les réticences de David Cameron viendraient de la crainte de voir des demandes formulées trop tôt être violemment attaquées en Grande-Bretagne, tout en voulant s'assurer que les objectifs soient atteignables du côté de l'UE.