La dirigeante française d'extrême droite Marine Le Pen a refusé en début de semaine de se rendre à une convocation des juges qui enquêtent sur le financement de son parti Front national (FN), a appris l'AFP mercredi de sources concordantes.

Marine Le Pen a également déposé une «requête en suspicion légitime» réclamant le dessaisissement des deux magistrats chargés du dossier. L'un d'eux, Renaud van Ruymbeke, est connu en France pour être un spécialiste de la délinquance politico-financière.

Selon une source proche du dossier, le juge Van Ruymbeke et sa collègue Aude Buresi avaient convoqué la présidente du FN pour l'entendre mardi dans l'enquête sur son parti en tant que témoin assisté.

Ce statut est intermédiaire en droit français entre celui de simple témoin et celui de mis en examen, qui équivaut à l'inculpation.

Dans un message écrit, Marine Le Pen a confirmé à l'AFP ne pas s'être rendue à cette convocation. La chef de file de l'extrême droite française a fait valoir que sa requête en suspicion légitime contre les deux magistrats avait été déposée quelques jours plus tôt.

La présidente du FN estime que les garanties d'impartialité à son encontre ne sont pas réunies en l'état.

Selon une source proche du dossier, sa convocation a été reportée, alors que Marine Le Pen mène campagne pour d'importantes élections régionales en décembre, où elle se présente dans le nord de la France avec l'espoir de décrocher une victoire historique.

En cours depuis avril 2014, l'enquête sur le financement du Front national a entraîné l'inculpation à ce jour de sept responsables ou proches du FN, dont le trésorier du parti et un de ses vice-présidents.

Le Front national, qui dénonce un complot politique, a lui-même été inculpé en septembre en tant que personne morale pour recel d'abus de biens sociaux et complicité d'escroquerie dans ce dossier relatif notamment au financement de la campagne du parti aux élections législatives de 2012.

Les juges soupçonnent le FN d'avoir mis en place un système d'enrichissement frauduleux avec de l'argent public via un micro-parti, «Jeanne», géré par des proches de Marine Le Pen, et le principal imprimeur du mouvement, l'entreprise Riwal, elle aussi dirigée par un ami de la dirigeante d'extrême droite.