Plusieurs proches de Nicolas Sarkozy, dont son ex-bras droit Claude Guéant, sont jugés depuis lundi à Paris pour des détournements de fonds présumés aux dépens des budgets de la police, à l'époque où l'ancien président français était ministre de l'Intérieur.

Cette affaire, dite des «primes en liquide», porte sur des versements en espèces touchés en compléments de salaire par des membres du cabinet de M. Sarkozy entre 2002 et 2004, qui étaient prélevés sur une enveloppe destinée aux frais d'enquêtes des policiers.

À l'époque des faits, Claude Guéant était le directeur de cabinet de Nicolas Sarkozy au ministère. Il deviendra ensuite son bras droit à l'Élysée après son élection à la présidence française en 2007, avant de devenir lui-même ministre de l'Intérieur de 2011 à 2012.

Le procès porte sur un montant global de 210 000 euros (environ 298 000 $) - 10 000 euros (près de 15 000 $) par mois - que le patron de la police nationale de l'époque, Michel Gaudin, remettait à M. Guéant.

Ce dernier en a perçu la plus grosse part et a versé le solde à trois collaborateurs. Il est jugé à ce titre pour «complicité de détournement de fonds publics et recel», ses collaborateurs comparaissant sous le seul chef d'accusation de «recel».

À leurs côtés, Michel Gaudin est poursuivi pour «détournement de fonds publics». Cet ancien directeur général de la police française de 2002 à 2007, préfet de police de Paris après l'élection de M. Sarkozy à l'Élysée, travaille aujourd'hui auprès de l'ex-chef de l'État.

Sollicité par les journalistes, Claude Guéant s'est refusé à toute déclaration à son arrivée au procès, où ses avocats entendent plaider notamment la «prescription» de ces «faits très anciens».

Depuis sa mise en cause, il dénonce une «instrumentalisation de la justice» pour déconsidérer à travers lui Nicolas Sarkozy, devenu chef de l'opposition de droite à son successeur socialiste François Hollande.

M. Guéant a été mis en cause dans l'affaire des primes en liquide du ministère de l'Intérieur en février 2013, à la suite d'une perquisition à son domicile dans le cadre d'une autre enquête sur des soupçons de financement libyen de la campagne présidentielle 2007 de M. Sarkozy.

Il avait alors justifié des factures découvertes pour des achats payés en liquide, en évoquant des primes «qui n'étaient pas déclarées, de toute éternité» et qui auraient concerné des «milliers» de fonctionnaires.