Les électeurs russes se sont rendus aux urnes dimanche dans 42 des 85 régions administratives du pays pour des élections régionales qui devaient confirmer l'emprise du parti pro-Kremlin Russie Unie, et que les opposants, quasiment exclus du scrutin, estiment entachées de fraudes.

À 20h00 heure de Moscou, les bureaux de vote des 42 «sujets» de la Fédération de Russie - républiques, régions, territoires - ont fermé leurs portes.

Ces élections régionales, auxquelles étaient conviés plus de 59 millions de Russes, devaient permettre d'élire 21 gouverneurs, 11 parlements régionaux et 23 administrations municipales, parfois simultanément.

Le Premier ministre Dmitri Medvedev, cité par l'agence TASS, a d'ores et déjà assuré que selon ses informations les résultats étaient «très bons» pour le parti Russie Unie, qu'il préside.

Les résultats devraient être annoncés officiellement lundi, mais le parti d'opposition Parnas, codirigé par le principal opposant au pouvoir russe Alexeï Navalny et l'ancien premier ministre Kassianov, les a déjà qualifiés de «faussés».

Si le parti d'opposition modéré Iabloko a pu présenter 1500 candidats à travers la Russie - mais un seul pour briguer un poste de gouverneur -, le parti Parnas de MM Navalny et Kassianov n'a pu à pu présenter que deux candidats, à Kostroma dans le centre du pays, les commissions électorales ayant refusé d'enregistrer les autres.

M. Navalny a affirmé dans la soirée que selon des sondages de sortie des urnes menés par son parti, celui-ci avait obtenu 6% des suffrages à Kostroma, assez pour faire entrer un député à l'assemblée locale.

«Nous essayons de défendre nos résultats», a-t-il déclaré à l'AFP. «En Russie c'est comme ça : aujourd'hui les sondages montrent 6%, mais demain nous pouvons nous réveiller avec 1%», a-t-il ajouté.

«Pendant toute la journée des élections, des fraudes massives ont eu lieu», avait auparavant affirmé M. Kassianov sur le réseau social Twitter.

La tension est montée d'un cran à Kostroma lorsqu'une petite cinquantaine de policiers sont entrés dans les locaux d'Open Elections, une branche du mouvement d'opposition Open Russia, fondé par l'ancien oligarque et dissident Mikhaïl Khodorkovski.

Les militants d'Open Elections, dont la mission est de surveiller le bon déroulement du scrutin, ont affirmé avoir été enfermés dans leurs propres locaux et avoir vu un homme armé.

Le parti Parnas a déclaré un peu plus tôt avoir porté plainte pour 20 cas de fraudes à Kostroma, dont la population vote à la fois pour élire son gouverneur, le parlement régional et l'administration municipale.

Dimanche soir, l'ONG Golos, qui surveille les élections en Russie, dénombrait près de 1.600 cas de fraudes à travers le pays. La commission électorale nationale annonçait avoir reçu 60 plaintes.

La campagne électorale des deux candidats de Parnas à Kostroma aura été difficile: l'un d'eux a été brièvement interpellé et un militant a été frappé lors d'un rassemblement.

Les candidats de Parnas ont également été accusés de servir les intérêts des États-Unis dans un reportage diffusé par une chaîne de télévision locale.

Tout comme le parti d'opposition libérale Iabloko, le parti Parnas avait peu de chances de remporter le scrutin: le parti au pouvoir Russie Unie était crédité de 44% des votes à Kostroma, contre 1% pour chacun des deux partis d'opposition, selon un sondage de l'institut VTsIOM publié lundi.

«J'ai voté pour Russie Unie car (le président russe Vladimir) Poutine a toujours raison», a ainsi affirmé à l'AFP Ioulia Radounina, une boulangère de 32 ans.

Le taux d'abstention restait une des inconnues de ce scrutin: en 2014, les élections régionales ayant réuni à peine 21% des électeurs. À Kostroma il était de 31,2% à 10h00.