Une dizaine d'enfants, sous la houlette d'une animatrice de la Croix rouge, dessinent au stylo-feutre des maisons, des poissons, le soleil sur un grand morceau de papier: ils font partie des migrants qui viennent d'être admis au centre d'accueil inauguré mercredi à Athènes.

Rassemblés sous une grande tente, ils sont arrivés comme des centaines d'autres depuis lundi dans cette zone industrielle désaffectée d'Eleonas, près du centre de la capitale grecque.

Dans un coin du papier, Hussein Ali Halari, un jeune homme, écrit: «War in Afghanistan» (la guerre en Afghanistan). «Je veux aller en Allemagne ou en Autriche», confie-t-il à l'AFP, conscient des problèmes économiques en Grèce.

Environ 250 Afghans, considérés comme les migrants les plus démunis, «sont actuellement installés dans ce centre qui comprend des dizaines de maisons mobiles d'une capacité totale de 720 personnes», explique la ministre de l'Immigration Tassia Christodoulopoulou, qui mène cette visite guidée en forme d'inauguration.

Avant l'ouverture au début de la semaine, ils dormaient à la  belle étoile dans le parc Pedio tou Areos (Champs de Mars) dans le centre d'Athènes.

«Je suis arrivé il y a une semaine à Mytilène (chef-lieu de l'île de Lesbos en mer Égée) avant de prendre le bateau pour Athènes. Je dormais dans le parc, heureusement qu'aujourd'hui j'habite avec sept autres compatriotes dans une de ces maisons», se réjouit Ali Hussini, un Afghan de 18 ans, qui joue au ballon avec des plus petits devant ces maisons préfabriquées.

Elles disposent de toilettes, douches et air conditionné, un luxe après ce qu'ils ont connu au cours de leur périple, y compris sur les îles grecques.

Les migrants peuvent rester trois ou quatre jours en moyenne dans ce centre avant de trouver d'autres solutions pour se loger, selon les autorités, ou d'essayer de poursuivre leur route.

«Bien, mais pas suffisant»

La ministre se félicite de «la bonne coordination et du grand effort de divers ministères, de la mairie d'Athènes et des services publics qui ont abouti à la création de ce centre en un temps record» d'une dizaine de jours.

«Les migrants bénéficient de différents services (repas quotidiens, services de santé, d'asile...)», souligne-t-elle, et «ce centre d'accueil servira de modèle pour toute autre unité d'accueil qui serait créée prochainement dans d'autres régions ou îles grecques pour parer au flux migratoire».

Mme Christodoulopoulou essaie de restaurer un peu l'image de son pays, lui-même en piètre situation financière actuellement, alors que la semaine dernière, les images de policiers grecs débordés malmenant des migrants sur l'île de Kos, en mer Égée, ont fait le tour du monde.

Le pays est submergé : depuis janvier, et avec une impressionnante accélération estivale, environ 160 000 migrants, originaires principalement des zones de guerre en Syrie, en Afghanistan ou en Irak, sont arrivés sur les îles de la mer Égée en provenance des côtes occidentales de la Turquie.

Les Syriens, considérés presque automatiquement comme réfugiés, bénéficient d'un régime prioritaire et plus souple par rapport aux Afghans ou Pakistanais et quittent plus vite le pays à destination de l'Europe occidentale.

«Malgré les difficultés financières, la Grèce répond aux nécessités des migrants en montrant sa solidarité (...), mais si l'Europe et les Nations unies n'interviennent pas d'une façon déterminante, la Grèce continuera d'avoir là une bombe à retardement», juge le ministre de la Protection civile Yannis Panoussis, présent aussi à l'inauguration.

«L'Europe et les Nations unies doivent accepter la proposition grecque d'une conférence sur la question des réfugiés, et proposer des solutions de paix dans les zones où naissent le problème», analyse le ministre d'État Alekos Flambouraris.

De nombreuses organisations non gouvernementales, Médecins du Monde ou Médecins sans Frontières, sont présentes sur le terrain pour aider les migrants.

«La Croix Rouge est là aussi, pour soutenir les groupes sensibles, comme des mineurs non accompagnés ou les familles monoparentales», indique Areti Kedistou, responsable de cette organisation.

Pour Taher Alizabeh, président de la communauté afghane à Athènes, ce centre, d'une superficie de quatre hectares, est «très bien, mais pas suffisant». «La Grèce attendait depuis longtemps un centre d'accueil de ce type», avoue-t-il toutefois.