Les ministre français et britannique de l'Intérieur signeront jeudi un nouvel accord pour faire face à l'afflux de migrants à Calais, dans le nord de la France, illustration d'une crise migratoire qui sera ensuite au menu d'une visite du ministre français à Berlin.

Bernard Cazeneuve et Theresa May se retrouveront à Calais, où affluent des centaines de migrants en quête d'un passage vers l'Angleterre, pour signer cet accord prévoyant un volet «renforçant l'engagement commun pour la sécurité du site (de Calais), la lutte conjointe et résolue contre les filières criminelles de passeurs, les trafics d'êtres humains et l'immigration clandestine», a précisé le ministère français dans un communiqué.

Le texte comprendra d'autre part des mesures «renforçant le dispositif humanitaire développé sur place avec les associations et les élus locaux, en particulier pour la protection des personnes les plus vulnérables».

Début août déjà, le Royaume-Uni s'était engagé à renflouer de 10 millions d'euros (14 millions de dollars) le fonds créé en septembre 2014 pour sécuriser le port de Calais, et doté initialement de 15 millions d'euros sur trois ans.

Les ministres visiteront le site d'Eurotunnel, où le dispositif de sécurité a été renforcé pour dissuader les migrants qui tentent de gagner la Grande-Bretagne. Selon Eurotunnel, le nombre de tentatives d'intrusion a baissé significativement au cours des dernières nuits, n'atteignant que 100 à 200 en moyenne, après un pic à 1700 le 3 août.

Appel du HCR

Des centaines de migrants affluent en permanence à Calais dans l'espoir de trouver un passage vers l'Angleterre, soit à bord des traversiers partant du port, soit sur les trains-navettes qui empruntent le tunnel vers Folkestone, avec souvent l'aide de passeurs.

Plusieurs migrants (de 9 à 12 selon les sources) sont morts depuis le début de l'été en tenant grimper dans un camion ou sur un train.

La semaine dernière, six passeurs ont été mis en examen pour leur implication dans un trafic de ressortissants albanais vers la Grande-Bretagne à bord de camions.

Sur le plan humanitaire, les migrants bénéficient depuis cette année d'un accueil de jour avec douches et distribution de repas. Des places de nuit sont aussi réservées aux femmes et aux enfants.

Mais la situation des quelque 3000 personnes vivant dans le bidonville surnommé la «new jungle», est si dégradée, malgré les aménagements réalisés par les pouvoirs publics, que des associations ont décidé cet été de lancer leur propre opération humanitaire.

Début août, le Haut commissariat aux réfugiés des Nations unies a appelé la France à présenter un plan d'urgence «global» pour traiter la crise à Calais, avec les moyens mobilisés lors des catastrophes naturelles.

Le HCR a aussi critiqué le manque de coopération de la Grande-Bretagne qui refuse notamment de considérer les demandes de personnes qui ont des liens avérés avec le royaume et qui lui sont transmises par les autorités françaises.

«La situation à Calais est en grande partie le résultat d'une application non coordonnée et partielle du système commun européen pour l'asile par les pays de l'UE», a souligné le 7 août Vincent Cochetel, responsable de la division Europe du HCR.

Paris et Londres avaient conclu en 2003 un accord renforçant les contrôles par la France au départ de ses côtes afin de juguler l'immigration clandestine en Grande-Bretagne. Ce traité se voit aujourd'hui reprocher d'avoir alimenté la crise.

Quant à la rencontre des ministres français et allemand, elle a lieu alors que, selon le quotidien Handelsblatt, l'Allemagne s'apprêterait à réviser à la hausse, «jusqu'à 750 000», le nombre de demandeurs d'asile sur son sol en 2015, un chiffre record.

La chancelière Angela Merkel a estimé dimanche que la question des migrants allait occuper les Européens «bien plus que la Grèce et la stabilité de l'euro».