Les éleveurs français ont obtenu vendredi une hausse des prix du lait qui leur permettra de couvrir leurs frais, tandis que leur mouvement de protestation qui concerne aussi les producteurs de viande connait une accalmie.

Comme il l'avait fait mi-juin pour la viande bovine, le ministre de l'Agriculture Stéphane Le Foll a réuni vendredi les producteurs de lait et leurs partenaires (industriels et distributeurs) pour trouver un accord aux termes duquel le lait ne pourra être payé moins de 340 euros (un peu plus de 485 $) les 1000 litres, soit une augmentation de quatre centimes par litre par rapport au niveau actuel.

«L'impact sur le consommateur sera de quelques centimes», a souligné M. Le Foll.

«Chacun a pris conscience qu'après plusieurs mois de déflation des prix alimentaires, il est temps de faire un peu de rattrapage», s'est félicité Xavier Beulin, président du principal syndicat agricole FNSEA.

«Cette hausse va nous permettre de couvrir nos frais», a indiqué de son côté le président de la fédération des producteurs (FNPL) Thierry Roquefeuil.

«On ne règle pas tous les problèmes aujourd'hui», a-t-il tempéré, réclamant des mesures au niveau européen.

Le faible niveau des prix du lait et des animaux de boucherie est à l'origine d'un mouvement de protestation des éleveurs qui ont érigé dès la la mi-juillet des barrages avec leurs tracteurs sur de nombreuses routes, particulièrement dans les régions d'élevage de Normandie (ouest), d'Auvergne (centre) et en Rhône-Alpes (centre-est).

La plupart de ces barrages ont été levés jeudi soir, mais plusieurs laiteries de l'ouest de la France ont été bloquées vendredi matin.

Après quelques mois de hausse en 2014, les prix du lait sont en baisse depuis décembre dernier en raison d'un contexte mondial défavorable dont la fin des quotas européens en avril, après 30 ans de régulation.

Stéphane Le Foll a annoncé avoir obtenu la convocation d'un conseil européen des ministres de l'Agriculture le 7 septembre sur ce sujet.

La France réclame un soutien de Bruxelles aux producteurs et une revalorisation du prix d'intervention concernant le lait : ce mécanisme de soutien européen, activé en cas d'effondrement des cours, ne se déclenche actuellement que lorsque le prix tombe à 22 centimes le litre.

Outre la fin des quotas, l'embargo russe sur les produits agroalimentaires a contribué à engorger le marché européen, cependant que la demande chinoise, en pleine croissance depuis 2010, s'est brusquement réduite de moitié pour la poudre de lait.

Le 17 juin, la filière bovine française s'était accordée sur une augmentation des prix payés aux producteurs. Mais l'accord n'a été que partiellement respecté. Devant la colère des éleveurs, le gouvernement a annoncé mercredi un plan de soutien d'urgence de 600 millions d'euros (858 millions de dollars) et fait pression sur les industriels et les distributeurs pour qu'ils respectent leurs engagements.