La Russie a présenté lundi un contre-projet de résolution à ses partenaires du Conseil de sécurité qui souhaitent la création d'un tribunal spécial pour juger les responsables du crash du Boeing malaisien abattu il y a un an dans l'est de l'Ukraine.

L'ambassadeur russe à l'ONU Vitali Tchourkine a réaffirmé devant des journalistes l'opposition de son pays à un tel tribunal international mandaté par l'ONU.

Celui-ci est réclamé notamment par la Malaisie, les Pays-Bas et le Royaume-Uni, qui ont fait circuler un projet de résolution en ce sens.

Le contre-projet russe, dont l'AFP a eu copie, estime que l'Organisation internationale de l'aviation civile (OIAC) «pourrait jouer un rôle plus actif et approprié dans l'enquête» internationale en cours et suggère la nomination d'un «représentant spécial» de l'ONU sur ce dossier.

La Russie réclame aussi que l'enquête «soit finalisée le plus vite possible» et que l'équipe d'enquêteurs de cinq pays (Pays-Bas, Australie, Belgique, Malaisie, Ukraine) tienne le Conseil «pleinement et régulièrement informé».

Moscou «insiste sur un accès juste et égal aux éléments matériels de l'enquête pour tous les pays intéressés», ajoute le texte qui critique un manque de «transparence» de l'enquête en cours.

Dans un communiqué commun publié lundi, les cinq pays qui mènent l'enquête réaffirment leur soutien à la création d'un «tribunal indépendant» et assurent que l'enquête est menée «en pleine conformité» avec les pratiques de l'OIAC.

Le projet russe ne mentionne à aucun moment l'idée d'un tribunal international.

«Le Conseil de sécurité n'est pas supposé traiter de tels sujets», a expliqué Vitali Tchourkine.

Selon un diplomate occidental, les partisans d'un tribunal ont l'intention de déclencher un vote du Conseil «en milieu de semaine prochaine», au risque de provoquer un veto de la Russie.

Des consultations à huis clos sur ce dossier lundi après-midi ont tourné court. Les discussions doivent se poursuivre dans les prochains jours pour voir s'il est possible de réconcilier les deux projets de résolution.

Le vol MH17 de Malaysia Airlines avait été abattu dans l'est de l'Ukraine le 17 juillet 2014, tuant ses 298 passagers et membres d'équipage, dont une majorité de passagers néerlandais.

Kiev et les Occidentaux soupçonnent les séparatistes pro-russes d'avoir utilisé un missile sol-air Bouk, fourni par la Russie, pour abattre l'appareil.

Moscou a catégoriquement démenti toute implication et a pointé du doigt les militaires ukrainiens.

Peu après l'écrasement, le Conseil avait adopté la résolution 2166 qui demande que les responsables de cette catastrophe aérienne «rendent des comptes».