L'ex-chef du gouvernement italien Silvio Berlusconi a essuyé mercredi un nouvel échec judiciaire avec une condamnation à trois ans de prison pour corruption de sénateur, mais ce verdict n'aura pas de conséquences car le délit sera prescrit à l'automne.

La présidente du tribunal Isabella Romani, qui a annoncé la condamnation en l'absence de l'accusé, n'a pas suivi les réquisitions du parquet qui demandait une peine de cinq ans de prison.

«C'est un beau procès, passionnant, mais l'imminente prescription élimine, du point de vue des conséquences, tout le pathos du verdict», avait déclaré dans la matinée le procureur Henry John Woodcock.

Niccolo Ghedini, l'avocat de M. Berlusconi, a dénoncé «une sentence injuste et injustifiée», assurant que le délit serait prescrit le 6 novembre prochain.

L'avocat a souligné qu'entre les 90 jours pour la publication des attendus du verdict de première instance et les 45 jours pour la défense pour déposer son appel, le délit sera prescrit avant même le début du deuxième procès.

L'affaire remonte aux élections législatives de 2006, remportées de justesse par la coalition hétéroclite de gauche dirigée par Romano Prodi, qui ne disposait que d'une très courte majorité au Sénat.

Quelques mois à peine après ces élections, Sergio De Gregorio, sénateur élu dans un des partis de la coalition de M. Prodi, l'IDV, avait quitté son camp, passant chez Silvio Berlusconi.

Cette décision avait rendu encore plus fragile la majorité gouvernementale, et accéléré la chute du gouvernement de gauche, qui avait jeté l'éponge en 2008, moins de deux ans après le scrutin.

Selon le parquet, le Cavaliere a versé trois millions d'euros, dont deux en espèces, à Sergio De Gregorio pour le débaucher. Ce dernier l'a reconnu devant des magistrats et dans la presse.

Selon le procureur Vincenzo Piscitelli, il s'agissait d'un «investissement économique colossal visant à obtenir le seul résultat qui intéressait Berlusconi, obsédé par la volonté de renvoyer Prodi à la maison et d'en prendre le poste».

Nouveaux problèmes en vue 

Même si cette affaire n'aura pas de conséquences judiciaires concrètes pour M. Berlusconi, d'autres procès sont toujours en cours ou en gestation contre l'ex-chef du gouvernement italien connu pour son amour sans frein pour les belles femmes.

Le parquet de Milan vient de boucler une enquête dans laquelle il soupçonne Silvio Berlusconi d'avoir acheté le silence de nombreuses jeunes femmes impliquées dans le scandale Rubygate.

Dans cette affaire, la Cour de cassation avait définitivement confirmé en mars l'acquittement de M. Berlusconi, soupçonné de prostitution de mineure et d'abus de pouvoir.

Le parquet de Milan avait été alors saisi à la suite des incohérences relevées lors de cette procédure dans les témoignages de Karima El-Mahroug, dite Ruby, et d'autres jeunes filles ayant participé chez M. Berlusconi à ces «dîners élégants» soupçonnés d'avoir dégénéré en «soirées bunga-bunga».

L'enquête a montré que l'ex-Cavaliere, depuis que l'affaire a éclaté en 2011, a versé quelque dix millions d'euros à ces jeunes femmes, dont sept millions à Ruby: argent liquide, cadeaux, voitures, mise à disposition de logements, paiement de factures et de frais médicaux...

Au total, 34 personnes, dont 21 jeunes femmes, sont soupçonnées, à des degrés divers, de corruption et de faux témoignage.

M. Berlusconi doit par ailleurs comparaître vendredi devant le tribunal de Bari, où il est soupçonné de nouveau d'avoir payé le silence d'un témoin, un ex-entrepreneur qui faisait venir des prostituées dans la résidence privée romaine de l'ancien chef du gouvernement.

Le magnat des médias italien est l'objet d'une seule condamnation définitive, pour fraude fiscale, confirmée par la Cour de cassation en août 2013. En vertu de ce jugement, M. Berlusconi avait été contraint d'effectuer des travaux d'intérêt général dans un centre social spécialisé dans l'accueil de personnes âgées à Milan entre mai 2014 et mars 2015.