Le pape François a reconnu mercredi que la séparation d'un couple était parfois inévitable, voire «nécessaire», un pragmatisme qu'il défend souvent sans pour autant remettre en cause le dogme catholique sur le mariage.

«Il y a des cas dans lesquels la séparation est inévitable», a déclaré le pape lors de son audience générale hebdomadaire sur la place Saint-Pierre au Vatican.

«Certaines fois, elle peut devenir même moralement nécessaire, quand il s'agit de soustraire l'époux plus faible ou les enfants en bas âge aux blessures plus graves causées par l'intimidation et la violence, l'humiliation et l'exploitation, mais aussi l'indifférence», a poursuivi François.

Ce n'est pas la première fois que le pape affirme ainsi la nécessité de protéger les enfants. Il avait ainsi condamné en mai les parents séparés qui «prennent en otages» leurs enfants dans leurs conflits.

«Malgré notre sensibilité apparemment évoluée, et nos analyses psychologiques raffinées, je me demande si nous ne sommes pas anesthésiés devant les blessures de l'âme des enfants», s'est-il interrogé mercredi.

Ce pragmatisme du pape argentin n'annonce aucun changement de doctrine pour l'Église catholique, qui défend toujours le caractère sacré et indissoluble du mariage. Il confirme surtout son souci de se tenir proche des gens, a expliqué un vaticaniste interrogé par l'AFP.

L'Église catholique reconnaît depuis longtemps la possibilité d'annuler un mariage et n'a jamais condamné les divorcés, encore moins les séparés, a-t-il rappelé.

«Le vrai problème ce sont les personnes qui se remarient» et veulent continuer à vivre leur foi, explique cet expert.

Ces questions, posées au cours de la dernière audience générale avant la pause de juillet, sont au coeur du prochain synode (assemblée d'évêques) sur la famille, qui doit se réunir en octobre au Vatican.

Dans son document de travail pour ce synode rendu public mardi, le Vatican a réaffirmé l'indissolubilité de mariage, tout en promettant de faciliter l'accès aux procédures de nullité matrimoniale et en évoquant la possibilité de «chemins de pénitence» aux conditions très strictes susceptibles de permettre à des divorcés remariés de communier.

Mercredi, le pape a confirmé qu'il faudrait trouver des solutions pour ces «divorcés remariés», mais s'est gardé de les évoquer avant le synode.

«Autour de nous, nous voyons diverses familles dans des situations dites irrégulières -- moi je n'aime pas ce mot -- et nous nous posons des questions. Comment les aider? Comment les accompagner pour que l'enfant ne devienne pas otage du papa ou de la maman?», a déclaré François.