Un journaliste d'Al-Jazeera a été arrêté samedi par la police allemande à l'aéroport de Berlin à la demande de l'Égypte, a-t-on appris de plusieurs sources, alors que les relations entre la chaîne qatarie et Le Caire sont exécrables.

«Je suis encore en état d'arrestation à l'aéroport de Berlin, en attendant d'être transféré à un juge d'instruction», a indiqué Ahmed Mansour, un journaliste de la chaîne, sur son compte Twitter.

Al-Jazeera a demandé samedi soir la libération immédiate de son journaliste. «Ahmed Mansour est un des journalistes les plus respectés du monde arabe et doit être libéré immédiatement», a déclaré le directeur général d'Al-Jazeera, Mostefa Souag, dans un communiqué.

Jointe par l'AFP, la police fédérale allemande a confirmé qu'un journaliste «de 52 ans, qui voulait s'envoler pour Doha, a été arrêté à l'aéroport de Berlin Tegel à cause d'un mandat d'arrêt international» émis par l'Égypte.

L'arrestation a eu lieu «vers 15 h 20» heure locale (9 h 20, heure de l'Est) a précisé un porte-parole de la police. L'homme «doit être né en Égypte, mais avoir également la nationalité britannique», a-t-il continué.

Vers 18 h GMT (14 h, heure de l'Est), l'homme était encore entre les mains de la police, qui vérifie son identité et devra ensuite le transférer au parquet, qui décidera ou non d'une procédure d'extradition, a expliqué le porte-parole.

Cette arrestation intervient alors que les relations entre Al-Jazeera et l'Égypte sont déjà très mauvaises. Trois journalistes de la chaîne qatarie avaient déjà été arrêtés en 2013, puis jugés. Le Caire reprochait alors à Al-Jazeera - et au Qatar - de soutenir la confrérie islamiste des Frères musulmans de Mohamed Morsi, premier président élu démocratiquement en Égypte, mais destitué et arrêté par l'armée le 3 juillet 2013.

Le mandat d'arrêt liste «plusieurs délits» reprochés au journaliste, a ajouté la police allemande, sans être en mesure de préciser lesquels.

Al-Jazeera a elle confirmé l'arrestation de son journaliste sur son site internet. Elle rappelle que M. Mansour a été condamné par contumace en 2014 par la justice égyptienne «à quinze ans de prison» pour avoir «torturé un avocat en 2011 sur la place Tahrir», épicentre de la révolution qui secouait alors l'Égypte.

M. Mansour «a rejeté ces accusations absurdes», a précisé Al-Jazeera dans un article.

«La répression des journalistes par les autorités égyptiennes est bien connue. Notre réseau, un des plus regardés du monde arabe, en a fait les frais», a commenté son directeur, Mostefa Souag.

Le journaliste a confié à sa chaîne qu'il doit comparaître devant un juge dans les prochaines heures.

«L'audience peut être levée immédiatement selon mes avocats si le juge est convaincu que toutes les charges sont fausses», a précisé M. Mansour, en expliquant être accusé «de viol, d'enlèvement et de vol», lors d'un appel téléphonique en arabe diffusé par Al-Jazeera.

«La question reste maintenant de savoir comment le gouvernement allemand et Interpol sont devenus des outils dans la main du régime sanglant issu du coup d'État en Égypte mené par le terroriste Abdel Fattah al-Sissi», le général à la tête du gouvernement égyptien à l'heure actuelle, s'est indigné M. Mansour sur Twitter.