Le premier ministre serbe Aleksandar Vucic s'est déclaré vendredi prêt à se déplacer à Srebrenica pour «rendre hommage aux innocentes victimes» de la pire tuerie en Europe depuis la Deuxième Guerre mondiale, que la justice internationale a qualifiée de génocide.

«En tant que premier ministre du gouvernement serbe, je suis prêt à m'incliner et à rendre hommage aux innocentes victimes de Srebrenica» massacrées par les forces serbes de Bosnie en juillet 1995, a déclaré M. Vucic au cours d'une conférence de presse.

M. Vucic ne serait pas le premier haut responsable serbe à aller à Srebrenica. En 2010, le président serbe à l'époque, le pro-européen Boris Tadic, s'était déplacé dans la ville martyre et avait rendu hommage aux victimes.

«Nous, les Serbes, devons plus que tout autre peuple dans la région montrer que nous respectons la douleur et les souffrances des autres et même de faire preuve de compréhension pour la haine que nous vouent ceux qui ont eu à traverser l'enfer de Srebrenica», a poursuivi M. Vucic.

Il a assuré que Belgrade avait du «mépris» pour ceux qui étaient responsables du massacre de Srebrenica qu'il a qualifié de «crime terrible et terrifiant», sans toutefois employer le mot de «génocide».

Près de 8000 hommes et garçons musulmans ont été tués dans l'enclave de Srebrenica par les forces serbes de Bosnie, peu avant la fin de la guerre intercommunautaire de 1992-1995.

«Nous ne cacherons pas notre mépris et nous ne cesserons pas de lutter contre ceux qui ont souillé l'honneur de notre peuple en commettant un terrible crime à Srebrenica. Nous continuerons à les arrêter et à les juger», a-t-il assuré.

Le premier ministre a dit «tendre la main» de la réconciliation aux musulmans bosniens.

«Nous devons vivre en paix (...) si vous voulez de moi et de ma main tendue, je suis prêt à venir à Srebrenica» le 11 juillet à l'occasion du 20e anniversaire du massacre, a ajouté M. Vucic.

La guerre de Bosnie a fait près de 100 000 morts et plus de deux millions de réfugiés et de déplacés, soit plus de la moitié de la population de ce pays qui après le conflit a été divisé en deux entités, l'une serbe et l'autre croato-musulmane, reliées par de faibles institutions centrales.

Les Serbes de Bosnie et de Serbie d'une manière générale nient qu'un génocide ait été perpétré à Srebrenica.

Le président de la Republika Srpska (RS, entité des Serbes de Bosnie), Milorad Dodik, a ainsi affirmé mercredi qu'il entendait demander à la Russie d'user de son veto pour empêcher l'adoption d'une résolution de l'ONU préparée par le Royaume-Uni, sur le génocide de Srebrenica.

Belgrade, «sans vouloir relativiser le crime» de Srebrenica, «ne peux ni soutenir ni voter contre une telle résolution», a, de son côté, assuré M. Vucic.

Les relations entre la Serbie et la Bosnie ont récemment connu un regain de tensions, en raison surtout de l'arrestation jeudi en Suisse d'un ancien commandant des troupes musulmanes à Srebrenica, Naser Oric, sur la base d'un mandat d'arrêt émis par Belgrade qui l'accuse de crimes de guerre.

Celle-ci a eu pour conséquence le report d'une visite à Sarajevo prévue pour cette semaine du président serbe Tomislav Nikolic.

À Belgrade, M. Vucic a déclaré que la Serbie ne pouvait pas renoncer à poursuivre Naser Oric, faisant état de la déposition d'un témoin qui affirme avoir vu l'ancien commandant assassiner un civil près du village de Zalazje (est de la Bosnie).