L'ancien Premier ministre portugais José Socrates, en détention provisoire depuis six mois dans le cadre d'une enquête pour corruption, restera en prison après avoir refusé une proposition du ministère public de l'assigner à résidence sous surveillance électronique.

Le juge d'instruction responsable de l'enquête a décidé mardi de suivre les recommandations du parquet général, qui avait estimé un peu plus tôt que «le remplacement de la détention provisoire est rendu impossible» par «l'absence de consentement» de M. Socrates.

L'ancien dirigeant socialiste avait refusé, dans une lettre publiée lundi par les médias portugais, la «demi-libération» que constitue selon lui la détention à domicile avec un bracelet électronique proposée samedi par le procureur.

«L'assignation à résidence sous surveillance électronique, qui reste de la prison, ne peut intervenir sans mon accord» et «je dis non», avait-il écrit.

«Ma prison est une énorme et cruelle injustice», avait ajouté José Socrates, mais la proposition du ministère public «n'a d'autre objectif que de masquer l'erreur d'origine et les échecs successifs: après six mois de prison, il n'y a ni faits, ni preuves, ni accusation».

Le maintien en détention «est une vengeance mesquine du procureur de la République et du juge d'instruction», a réagi son avocat, Joao Araujo, qui estime que son client devrait être purement et simplement remis en liberté.

M. Araujo a annoncé qu'il allait contester cette décision devant les tribunaux pour vice de forme.

José Socrates, chef du gouvernement de 2005 à 2011, a été arrêté le 21 novembre dernier puis mis en examen trois jours plus tard pour corruption, blanchiment d'argent et fraude fiscale aggravée. Il avait alors été placé en détention provisoire à la prison d'Evora (sud-est).

Depuis, la justice portugaise a rejeté de nombreuses demandes de libération de l'ex-premier ministre âgé de 57 ans.

L'entrepreneur Carlos Santos Silva, son homme de paille présumé, avait lui-même été assigné à résidence sous surveillance électronique le 22 mai, après avoir passé six mois en détention provisoire.

Selon la presse portugaise, la justice soupçonne l'entrepreneur d'avoir reçu des sommes importantes pour le compte de José Socrates, en contrepartie d'un traitement de faveur accordé au groupe de construction Lena, durant le mandat de l'ex-premier ministre.

Cinq autres personnes ont jusqu'ici été mises en examen dans le cadre de cette enquête, très encombrante pour l'opposition socialiste à quatre mois des élections législatives.