La plus haute autorité religieuse de Turquie a annoncé la publication inédite de plusieurs milliers d'exemplaires du Coran en langue arménienne, quelques semaines après la vive polémique qui a agité le pays lors du centenaire du «génocide» de 1915.

Le directeur du bureau des publications religieuses de l'autorité, Yüksel Salman, a affirmé à l'AFP que cette initiative n'avait aucun lien avec les commémorations controversées, le 24 avril dernier, des massacres d'Arméniens par l'Empire ottoman en 1915.

M. Salman a au contraire assuré qu'elle répondait à une «forte demande» de la minuscule communauté arménienne de Turquie, qui compte officiellement quelque 60 000 citoyens turcs et au moins autant d'Arméniens résidents.

«En plus de nos citoyens arméniens, nous ne pouvions rester indifférents à l'intérêt manifesté par la diaspora arménienne à apprendre le Coran», a-t-il ajouté, «nous avons pris cette décision pour proposer une information de première main sur l'islam».

Une première série de 4000 exemplaires du Coran a été imprimée dans les deux principaux dialectes occidental et oriental arméniens.

La Turquie nie catégoriquement que l'Empire ottoman ait organisé le massacre systématique de sa population arménienne pendant la Première Guerre mondiale et récuse le terme de «génocide» repris par l'Arménie, de nombreux historiens et une vingtaine de pays dont la France, l'Italie et la Russie.

Ces dernières semaines, les autorités d'Ankara ont violemment réagi à toutes les déclarations se référant à un génocide arménien ou les pressant de le reconnaître.

Les services de M. Salman ont publié des éditions du Coran en 16 langues, y compris la langue kurde, dont la communauté constitue 20 % de la population turque.

Lors d'une réunion électorale dans le sud-est à majorité kurde la semaine dernière, le président islamoconservateur Recep Tayyip Erdogan a brandi un Coran en langue kurde, s'attirant les foudres de l'opposition qui l'a accusé d'utiliser la religion à des fins politiques.